Libye : des groupes islamistes armées délogent les forces de Haftar d’un important site pétrolier

site petrolier libyeLes forces de l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, ont perdu un important site pétrolier pris par des groupes armés rivaux mais les combats pour les en chasser continuent, a indiqué le 4 mars un responsable libyen.

Dans la nuit du 2 au 3 mars, des groupes islamistes ont repris un des principaux terminaux lybiéns, Ras Lanouf, a indiqué le colonel Ahmad al-Mismari, porte-parole des forces loyales aux autorités lybiennes de l’est et commandées par le controversé maréchal Khalifa Haftar.

Les assaillants des Brigades de Défense de Benghazi (BDB) «étaient équipés de tanks modernes et d’un radar pour neutraliser notre armée de l’air», a-t-il ajouté. «Nous avons perdu deux martyrs (…) parmi nos combattants».

«Ils sont arrivés jusqu’à l’aéroport principal de Ras Lanouf», a-t-il rajouté.

Mais «la bataille continue» et «la situation dans la zone du Croissant pétrolier demeure sous (notre) contrôle», a affirmé le porte-parole.

«Nos forces se regroupent et se préparent à prendre d’assaut Ras Lanouf», a déclaré à l’AFP plus tard dans la journée le colonel Meftah al-Megaryef, un responsable des gardes des installations pétrolières pro-Haftar.

Déchirée par des luttes de pouvoir et en proie à une insécurité chronique depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux autorités rivales: le gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement basé dans l’est du pays, à Tobrouk, et lié au maréchal Haftar.

Les forces commandées par ce dernier avaient pris le contrôle en septembre des quatre principaux sites pétroliers du pays – des ports de Zoueitina, de Brega, de Ras Lanouf et d’Al-Sedra – , qui assuraient l’essentiel des exportations libyennes d’or noir depuis le nord-est du pays.

«Escalade militaire»

Les BDB, formées de groupes islamistes, avaient été chassées de la ville de Benghazi (est) par les forces du maréchal Haftar, qui a déclaré la guerre aux groupes islamistes et radicaux sévissant dans l’est libyen. Alliées à des tribus de l’est du pays, les BDB ont lancé le 2 mars une nouvelle offensive pour tenter de conquérir les installations du Croissant pétrolier libyen.

Après l’échec de quatre précédentes tentatives, elles «sont revenues avec une force plus importante», a reconnu le colonel Mismari. «Nous avons choisi de déplacer tous les avions en lieu sûr», a-t-il ajouté.

Le 2 mars, l’armée de l’air sous le contrôle du général Haftar avait effectué des sorties et des frappes «du matin jusqu’à la tombée de la nuit (…) détruisant environ 40% de leurs véhicules».

Le GNA, dont l’autorité est contestée par le maréchal Haftar, a de son côté affirmé dans un communiqué «n’avoir aucun lien avec l’escalade militaire dans la région du Croissant pétrolier». Il a souligné aussi «n’avoir donné aucune directive ni ordre à une quelconque formation de se diriger vers cette zone», condamnant «avec force toute action qui sape les espoirs des Libyens». Le GNA a toutefois prévenu qu’il «ne resterait pas les bras croisés si les affrontements se poursuivaient dans cette zone ou ailleurs» en Libye.

Plusieurs initiatives ont été lancées pour tenter de rapprocher le GNA et le maréchal Haftar mais sans succès apparent jusqu’à présent.

La Libye est déchirée par des rivalités entre ses milices mais aussi entre ses dizaines de tribus, composantes essentielles de la société.