Les limites et les dangers du « vrac » touristique

En matière commerciale, la Tunisie choisit toujours la facilité comme par exemple vendre son huile d’olive « en vrac » à des prix basiques souvent fixés par des importateurs opportunistes et cupides.
Cette même huile est ensuite conditionnée dans des emballages attrayants et distribuée sous des marques italiennes, françaises ou espagnoles à des prix trois à quatre fois supérieurs.
Il en va de même pour notre tourisme.
Le système d’allotements des capacités hôtelières aux Touroperators étrangers équivaut à une vente et une exportation « en vrac », sans emballage local spécifique et sans réelle plus-value, ni distribution directe auprès du consommateur final.
Cette commercialisation primaire explique la mainmise des circuits de programmation et de distribution étrangers sur le tourisme tunisien et partant l’indigence de son offre et son extrême fragilité face à une conjoncture difficile.
Comme pour l’huile d’olive, les séjours de vacances sont souvent plus exposés sous les marques de TO étrangers que sous l’étiquette de la destination.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies nous offrent de réelles opportunités pour reprendre les choses et les destinées en main, de diversifier la production, de concevoir des offres sur-mesure, d’économiser les marges en éliminant les intermédiaires classiques et de se rapprocher du consommateur final.
Que ceux qui sont convaincus de l’utilité de cette démarche, qu’il s’agisse d’instances institutionnelles ou professionnelles, remettent en question leur sytème de production, de promotion et de distribution et révisent leur modèle actuel qui a suffisamment prouvé ses limites aussi bien au niveau micro que macroéconomique .
Ce qui parait difficile et hors de portée peut, moyennant clairvoyance et bonne volonté, ne pas s’avérer impossible.
Mais, soyons réalistes.
Le « vrac » a encore de beaux jours devant lui.
Certes, quelques hirondelles ont commencé l’aventure d’un nouveau modèle de production et de commercialisation mais suffiront-elles pour augurer d’un nouveau printemps touristique ?

Wahid Ibrahim