Des chercheurs allemands et italiens ont fait une révélation alarmante mercredi 17 octobre . Sous l’effet de la gravité, l’Etna s’enfonce de « plusieurs centimètres par an » dans la mer Ionienne. Des tsunamis sont alors à craindre en Méditerranée.
Le volcan le plus actif d’Europe risque-t-il de provoquer un tsunami en Méditerranée ? Des chercheurs allemands et italiens ont révélé, mercredi 10 octobre, dans une étude publiée dans la revue Science Advances (en anglais) que le flanc sud-est de l’Etna, en Sicile, s’enfonçait de « plusieurs centimètres par an » dans la mer Ionienne, sous l’effet de la gravité.
« Nous ne pouvons pas exclure que ce mouvement du flanc évolue en effondrement catastrophique », écrivent-ils, évoquant un danger « bien plus grand que précédemment envisagé ». « Le déplacement soudain de grandes quantités de matière peut provoquer des tsunamis aux effets dévastateurs », rappellent-ils. Les volcanologues mettent également en garde contre une « sous-estimation » des risques d’effondrement de flancs d’autres volcans de la planète.
« Si une partie du volcan venait à s’effondrer, il y aurait suffisamment de matière pour provoquer un tsunami dans tout l’est de la Méditerranée », prévient le volcanologue et physicien français Mathieu Gouhier, interrogé par Le Monde sur cette étude. Un tel phénomène se serait déjà produit il y a 8 000 ans, allant jusqu’à toucher les côtes d’Israël, selon une précédente étude mentionnée par le quotidien.
Environ un million de personnes vivent sur les pentes de l’Etna. Si ces derniers sont déjà sous la menace d’une éruption de feu dévastatrice, une ombre supplémentaire et jusqu’alors insoupçonnée plane au-dessus de la Sicile : l’eau. Le volcan plonge en effet dans la mer. Et si ce mouvement est assez lent aujourd’hui (vos ongles poussent plus rapidement), les causes de cet effondrement laissent à penser que l’Etna pourrait glisser de plus en plus vite – et plus brusquement – dans quelques milliers d’années. Si tel est le cas, des tsunamis pourraient alors se former dans toute la région, menaçant la vie de millions de personnes.
« Un effondrement massif serait un désastre pour une région vaste et densément peuplée », a déclaré Boris Behncke, volcanologue à l’Institut national de géophysique et de volcanologie (Italie), qui n’a pas participé aux recherches. « Toute la pente est en mouvement en raison de la gravité, poursuit Heidrun Kopp, du Centre de recherche océanographique Geomar Helmholtz, en Allemagne. Il est donc tout à fait possible que cet effondrement se produise de manière catastrophique, ce qui pourrait déclencher un tsunami dans toute la Méditerranée ».
Les chercheurs expliquent ici avoir mis en place en 2016 un réseau de cinq récepteurs sous-marins à différents endroits, dans le but de surveiller le déplacement de la partie submergée du mont Etna (flanc sud-est). Chaque station se renvoyait régulièrement un signal sonore. Si le laps de temps augmentait entre l’émission et la réception d’un signal, cela signifiait que la station concernée s’était déplacée (et donc enfoncée). Si aucun mouvement n’a été enregistré la première année, il semblerait en revanche que le flanc sous-marin de l’Etna se soit déplacé de 4 centimètres entre le 12 et le 20 mai 2017. Un mouvement ascendant qui correspondait avec un décalage enregistré au même moment le long d’une faille de la région.
Le glissement du volcan dans la Méditerranée serait ainsi épisodique et donc, pour les chercheurs, principalement sujet aux caprices de la gravité. La montée du magma à l’intérieur du volcan pourrait jouer un rôle, ajoutant du poids à la montagne et affaiblissant ses structures, mais beaucoup plus minime. Quant à savoir si les pentes de l’Etna s’effondreront brutalement un jour, impossible à dire. Tout ce que nous savons, c’est que le phénomène à très peu de chance de se produire durant cette vie.
Sources : francetvinfo.fr et sciencealert.com