Le temps n’est plus aux diagnostics et aux élucubrations stratégiques

Le ministre René Trabelsi, lors de sa dernière visite à Douz, a déclaré que le sud tunisien représente une chance extraordinaire pour la destination et que Tozeur n’a rien à envier à Marrakesh.

J’aimeras profiter de la déclaration du ministre pour murmurer quelques propositions d’actions et de mesures concrètes à réaliser et à mettre en œuvre pour éviter le naufrage total et irrémédiable du tourisme saharien.
Le temps n’est plus aux diagnostics et aux élucubrations stratégiques demeurés à ce jour stériles mais au pragmatisme salvateur, générateur de valeurs .
Je vous cite en vrac quelques propositions sans ordre particulier de priorités même si elles risquent de vous paraître candides et simplistes :
Elles concernent les trois grandes régions qui composent ce qu’on désigne communément par Tourisme Saharien :
– Tataouine et les Villages Berbères,
– Douz et le Grand Erg Oriental et
– Tozeur-Nefta et les Oasis de plaine et de montagnes
Ces régions sont les trois pôles sur lesquels on doit agir en priorité. Pour la simple raison que le tourisme saharien peut être défini aussi bien en séjours purs qu’en « séjours itinérants ».
Le statisme est l’ennemi de la découverte libre et enrichissante et ne permet pas de découvrir toutes les facettes du tourisme saharien.
La filière saharienne est essentielle pour notre politique de diversification de l’offre car elle constitue un élément de différenciation positif et crédible qu’aucune autre destination méditerranéenne ne peut prétendre présenter avec autant de diversité, de richesse et d’accessibilité .
A-actions et mesures dans le Pôle Tatahouine et les Villages Berbères :
-réhabiliter tous les Ksours et les villages troglodytiques pour en faire des logements authentiques et typés ainsi que des centres d’animations s’inspirant du patrimoine de la région .
-créer à Matmata ou à Chenini le plus grand Musée Berbère de Tunisie et pourquoi pas d’Afrique du Nord
-multiplier les haltes et les campings touristiques
-améliorer la signalisation routière et touristique
-promouvoir les micro projets d’hébergement et d’animation à la portée des jeunes diplômés de la région
-motiver les expatriés de la région pour venir y investir .

B- Actions et mesures dans le Pôle Douz et le Grand Erg:
-mettre à niveau les hôtels de Kebili et de Douz
-concevoir des campings sahariens confortables et authentiques avec le concours des meilleurs architectes nationaux et internationaux
-tracer de nouveaux circuits de Méharées de différentes durées et difficultés
-faire de Douz la plate-forme de départ pour toute incursion saharienne tunisienne et inter-maghrébine
-créer le Musée du Nomadisme de dimension nord-africaine et pourquoi pas mondiale.
-créer le Conservatoire de la Gastronomie Saharienne, des Plantes Aromatiques et Médicinales
-inciter et aider un promoteur culturel local pour programmer régulièrement et à une cadence au moins mensuelle un méga spectacle s’inspirant des séquences du Festival du Sahara
-organiser des postes d’observation astronomiques sous le thème du « Petit Prince »
-baliser les circuits de rallyes de Voitures et de Quads en vue d’éviter le hors piste dommageable pour l’environnement et pour la quiétude du désert
-interdire toute forme de chasses pouvant menacer les espèces sahariennes fragiles ( outardes, gazelles, reptiles…etc )
-créer un Centre d’Artisanat Vivant de dimension nord-africaine
-construire un Camélodrome et y organiser des courses de portée internationale
-réhabilitation du vieux village de Kebili ( Gubelli El Gudima ) et le transformer en espace d’hébergement alternatif, d’activités artisanales et d’animation culturelle

C-actions et mesures dans le Pôle Tozeur Nefta et les Oasis de plaine et de montagne
-prendre les mesures les plus appropriées pour la réouverture totale et l’enrichissement du complexe d’Animation Dar Cheraiet tant il a démontré son effet « locomotive » sur la dynamique touristique locale et régionale .
-créer un un méga Centre de Congrès et de Loisirs agissant comme équipement structurant pour tout le tourisme saharien et oasien.Tozeur et son aéroport sont idéalement situés pour se positionner comme porte d’entrée principale de toute forme de tourisme relevant du MICE .
Ce méga complexe pourra disposer d’une composante shopping Hors Taxe ( Mall ) en attendant de décréter tout le Sud tunisien zone franche touristique
-réhabiliter le Golf de Tozeur et créer un deuxième parcours de golfe à Nefta partant du principe qu’un seul Golf ne suffit pas pour créer une destination golfique ( one golf , no golf)
-produire un spectacle Son et Lumière dans la Corbeille de Nefta visible de la rive où se trouve le Sahara Palace, mettant en  » scène  » le site exceptionnel de la palmeraie, le « Sky Line » des marabouts et des mosquées qui la bordent et relatant les traditions Soufies
-renflouer le Titanic « Sahara Palace » , naguère l’icône du tourisme saharien et oasien et fréquenté par tous les grands de ce monde
-remettre à flot le Tameghza Palace dont la réputation
 » de calme, de luxe et de volupté » a dépassé les frontières
-inciter à la création de maisons d’hôtes dans les vieux noyaux urbains de Tozeur, de Nefta et Degache et des oasis de montagne
-création à Nefta du Musée du Palmier dans l’enceinte d’une palmeraie témoin où on cultiverait les centaines de variétés de palmiers répertoriés à travers le monde
-multiplier les camping oasiens de qualité
-re-dimensionner l’aéroport de Tozeur en vue d’augmenter sa capacité d’accueil et d’améliorer ses services
-créer un grand Centre Thermal à El Hamma couplé à des projets résidentiels pour nationaux et internationaux ciblant particulièrement les séniors européens, japonais, russes et nord américains .
-promouvoir un Festival International des Oasis du monde
-réorganiser et animer les visites de Chebika, Tameghza, Mides et Ong J’mel
-organiser des soirées s’inspirant de la poésie de Chabbi
-organiser des compétitions de chars à voile sur le Chott El Jerid ainsi que des séjours d’initiation aus sports sahariens
-Spécialiser les hôtels soit pour la clientèle de passage soit pour la clientèle de longs séjours, la coexistence entre les deux étant par, expérience, incompatible .
-promouvoir toute la région du Sud en tant que site de tournage de films et ériger des studios de Cinéma
conséquents
– améliorer la desserte aérienne régulière en subventionnant aussi bien les vols intérieurs au départ de Tunis-Carthage que les vols directs au départ de certains marchés porteurs tels que la France, l’Italie, la Suisse ou l’Espagne .
Cette mesure de soutien aérien doit être maintenue sur au moins cinq années consécutives en vue de fidéliser aussi bien le public que les opérateurs.
Là aussi, l’expérience a suffisamment montré que les vols ponctuels et épisodiques mis en place les années passées à partir de Madrid, Milan et de certains aéroports français ont été à chaque fois annulés par manque de « souffle » et de soutien. Cette mesure a un coût et il faut absolument qu’il y ait un payeur. Et ce payeur ne peut être qu’institutionnel puisqu’il s’agit d’une région réellement sinistrée qui a besoin d’un axe de développement inducteur et durable
-réviser le Code des Investissements pour prévoir des avantages spécifiques à la région, qu’il s’agisse de projets d’hébergement ( hôtelier, alternatif ou résidentiel )ou d’animation ( restaurants, centres de spectacles, casinos, centres sportifs …)
Toutes ces propositions que vous pourriez juger plus ou moins farfelues doivent être accompagnées en amont par quelques mesures essentielles :
-les services de l’ONTT ne doivent plus accorder leurs visas aux circuits dans le sud qui ne comportent pas au moins 2 à 3 nuitées dans chaque pôle cité
-décentraliser tous les services dépendant du ministère du tourisme afin de simplifier et d’accélérer les procédures administratives
-prévoir des budgets spécifiques en vue d’engager des campagnes de communication publicitaire et événementielle dédiées exclusivement au tourisme saharien et oasien dans toute sa diversité
-concevoir des mécanismes durables de soutien à la programmation aérienne régulière
-aider les municipalités locales pour qu’elles s’occupent efficacement de la propreté de l’environnement urbain et rural
-développer un portail du tourisme saharien et améliorer la Web Compatibilité des prestataires locaux
-adopter un moratoire pour traiter l’endettement des hôteliers de la région.
Plus que dans toute autre zone, les hôtels du Sud et les opérateurs touristiques ont souffert de la conjoncture « révolutionnaire et post révolutionnaire » et des circulaires dissuasives des chancelleries étrangères.
Les investissements réalisés dans la région sont des acquis nationaux qu’il convient absolument de sauvegarder .
-garantir la sécurité absolue sur tout le territoire , de jour comme de nuit .
Mais il s’agit là d’une toute autre histoire .
( désolé pour la longueur du post ).

Wahid Ibrahim