Le paradis Inchallah , si Béji Hamda

Béji Hamda tire sa révérence. Tant s’en faut pour vous raconter, mon gouverneur

Le gouverneur Béji Hamda s’en va, emportant dans ses limbes funéraires, une époque faste aux couleurs de la performance, de la loyauté et du sens de l’Etat et de la patrie. Une véritable épopée qui s’inscrit dans le droit fil de l’œuvre du doyen des gouverneurs, feu Hédi Nouira qu’il considérait comme son modèle et de son prédécesseur immédiat à qui il vouait un respect sans limite, feu Ismaïl Khélil.

Si El Béji a hérité de la période post-ajustement et d’un système bancaire essoufflé. L’homme était d’une stature imposante et d’une grande culture et parlait comme un livre. Il fascinait tout le monde, y compris ses interlocuteurs étrangers, par son charisme, sa parfaite connaissance de l’histoire du monde et son éloquence. Pour lui, l’image du pays et sa représentation auprès de l’extérieur étaient un enjeu majeur pour tout gouverneur et tout ministre de la coopération internationale.

C’est à lui que reviendra la lourde charge d’engager et de piloter avec maitrise et patience, le processus long et pénible d’assainissement, de restructuration et de modernisation du secteur bancaire, y compris la refonte totale du sous-jacent légal et réglementaire. Il a la paternité de la banque universelle et se prévalait de sa foi dans le tandem banque-entreprise, un concept germanique qu’il affectionnait particulièrement.

C’est lui aussi qui mènera en 1992 le dinar vers la convertibilité courante et négociera avec les institutions financières internationales, ce virage délicat au mieux des intérêts de son pays, secondé en cela par d’éminents spécialistes, dont l’incontournable feu Saïd M’rabet, qu’il considérait comme le plus brillant de sa génération.
Moi pour ma part, je lui dois …absolument tout.

Le paradis Inchallah

Samir Brahimi