Plus de 31 000 personnes sont mortes de la maladie COVID-19 au Royaume-Uni, a annoncé vendredi le ministre de l’Environnement George Eustice, soulignant que son pays n’était «pas tiré d’affaire» et douchant les espoirs de déconfinement.
Le ministre s’est exprimé deux jours avant un discours du premier ministre Boris Johnson sur un éventuel assouplissement du confinement en Angleterre, décrété le 23 mars, qui s’annonce d’ores et déjà très limité.
«Il n’y aura pas de changements spectaculaires du jour au lendemain, nous serons très très prudents lorsque nous assouplirons les restrictions actuelles, car les données que nous présentons chaque jour montrent que nous ne sommes pas tirés d’affaire», a déclaré M. Eustice au cours du point de presse quotidien du gouvernement sur la pandémie.
Il a annoncé 626 morts supplémentaires dues au nouveau coronavirus, portant le total à 31 241 et faisant ainsi du Royaume-Uni le deuxième pays le plus endeuillé derrière les États-Unis.
Ce chiffre dépassait déjà fin avril les 32 000, si l’on y ajoute les décès dont la COVID-19 est la cause probable mais pas confirmée par un test, selon des statistiques officielles.
Le service public de santé (NHS) en Angleterre a annoncé la mort d’un bébé de six semaines. Le nourrisson, qui avait déjà des problèmes de santé avant d’être contaminé, est considéré comme la plus jeune victime de cette maladie à avoir perdu la vie au Royaume-Uni.
En attendant le discours de Boris Johnson dimanche soir, le ministre de l’Environnement a appelé les Britanniques à «respecter les restrictions» de déplacement et à rester chez eux malgré le beau temps et un week-end de trois jours, avec la commémoration vendredi de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
«Il y a encore des défis majeurs, nous allons vivre avec ce virus pendant un certain temps et il est donc important d’éviter un deuxième pic qui pourrait submerger notre NHS», a ajouté le ministre.
Le porte-parole de Boris Johnson avait déjà prévenu que tout assouplissement serait «très limité», compte tenu de l’«approche très prudente» du gouvernement.
«Modestes ajustements»
Tandis que le Pays de Galles a annoncé , vendredi 8 avril, de légères modifications dans le dispositif de confinement, M. Eustice a laissé entendre que celles qu’annoncera Boris Johnson pourraient y ressembler.
Les quatre nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord) «travaillent ensemble pour essayer d’avoir une approche globalement similaire», a-t-il déclaré.
Si les mesures de confinement seront appliquées trois semaines de plus, de «modestes ajustements» entreront en vigueur lundi, a annoncé le premier ministre gallois, Mark Drakeford.
Les Gallois pourront sortir faire de l’exercice plus d’une fois par jour, sans trop s’éloigner de leur foyer. Les magasins de jardinage pourront rouvrir et bientôt les bibliothèques.
La population est appelée à continuer de travailler à domicile si possible.
«Nous ne devons pas gâcher les progrès accomplis», a insisté M. Drakeford.
La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a elle aussi appelé les Écossais à rester confinés.
«Vous devez continuer à rester chez vous», a-t-elle déclaré vendredi dans une conférence de presse. Seule nouveauté : les Écossais seront autorisés à sortir davantage pour faire de l’exercice.
Les mesures de confinement sont décidées par chacune des quatre nations constitutives du Royaume-Uni et ont été jusqu’à présent prises au même rythme.
La reine essaye de remonter le moral des Britanniques
La reine Elisabeth II s’est employée à remonter le moral des Britanniques, durement touchés par la pandémie de coronavirus, en leur rappelant qu’ils ne devaient « jamais perdre espoir », lors d’un discours diffusé vendredi, jour de commémoration du 8 mai 1945.
« Au début, les perspectives semblaient sombres, l’issue lointaine, le résultat incertain », a déclaré la reine en évoquant la Deuxième guerre mondiale. « Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction (…) nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe ».
Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20H00 GMT, soit l’heure exacte où son père le roi George VI s’était exprimé à la radio en 1945.
Il a été enregistré au château de Windsor, à une quarantaine de kilomètres de Londres, où la monarque de 94 ans et son époux le prince Philip, 98 ans, se sont repliés au début de la pandémie.
C’est le deuxième discours télévisé de la reine pendant la pandémie, qui a dépassé les 31 000 morts au Royaume-Uni, deuxième pays le plus endeuillé au monde.
Évoquant les soldats morts au combat, la reine a estimé que « le plus grand hommage à leur sacrifice est que des pays qui étaient autrefois des ennemis jurés sont maintenant amis, travaillant côte à côte pour la paix, la santé et la prospérité de tous ».
Ce 8 mai est exceptionnellement férié au Royaume-Uni pour que les Britanniques puissent célébrer la capitulation du régime nazi face aux Alliés, il y a 75 ans. Mais à cause de la pandémie, les célébrations ont été annulées, et les Britanniques invités à commémorer cet événement chez eux, et notamment à entonner une chanson destinée à relever le moral des troupes, « We’ll meet again ».
À 10H00 GMT, la population a observé deux minutes de silence, après une parade de la Royal Air Force dans le ciel londonien.
Malgré l’absence de défilé, « nos rues ne sont pas vides; elles sont remplies de l’amour et de l’attention que nous avons les uns pour les autres », a déclaré Elisabeth II. « Et quand je regarde notre pays aujourd’hui et que je vois ce que nous sommes prêts à faire pour nous protéger et nous soutenir mutuellement, j’observe avec fierté que nous sommes toujours une nation que ces courageux soldats, marins et aviateurs reconnaîtraient et admireraient », a-t-elle dit.
Avec agences