Le chancelier allemand estime que l’Europe ne peut pas se passer de l’énergie fossile russe

Les importations d’énergie fossile russe sont «essentielles» pour la «vie quotidienne des citoyens» en Europe et l’approvisionnement du continent ne peut pas être assuré autrement à ce stade, a affirmé le 7 mars le chancelier allemand Olaf Scholz.

Alors que des sanctions sur l’énergie russe en représailles à l’offensive en Ukraine sont discutées par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), «l’approvisionnement de l’Europe en énergie pour la production de chaleur, la mobilité, l’électricité et l’industrie ne peut pas être assuré autrement pour le moment», selon une déclaration écrite du chancelier.

Les propos du dirigeant allemand s’inscrivent dans un contexte marqué par la crainte d’un embargo occidental sur les hydrocarbures russes. Une éventualité qui a de nouveau fait flamber les prix de l’or noir le 7 mars.

Pas d’alternative crédible à ce stade

C’est «délibérément», rappelle Olaf Scholz, que l’Europe a exclu les livraisons d’énergie de la Russie des premières salves de sanctions contre Moscou car la mesure déstabiliserait les marchés et aurait un trop fort impact sur les économies européennes.

L’Allemagne fait partie des pays de l’UE particulièrement dépendants des importations de gaz, pétrole et charbon russes et le gouvernement «travaille d’arrache-pied avec ses partenaires au sein de l’Union européenne, et au-delà, pour développer des alternatives à l’énergie russe», observe Olaf Scholz. «Mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain», souligne-t-il. L’UE importe 40% de son gaz de Russie et de nombreux pays ne sont pas favorables à un embargo, dont l’intérêt serait de priver Moscou de revenus essentiels – à supposer que ces derniers ne soient pas compensés par la Chine, grande consommatrice d’énergie.

« Ça ne sert à rien si dans trois semaines on découvre que nous n’avons plus que quelques jours d’électricité en Allemagne et qu’il faut donc revenir sur ces sanctions »

Plusieurs ministres du gouvernement allemand s’étaient déjà prononcés contre des mesures visant le gaz russe. «Il faut pouvoir tenir [les sanctions] sur la durée», avait expliqué dimanche la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, à la chaîne ARD.

«Ça ne sert à rien si dans trois semaines on découvre que nous n’avons plus que quelques jours d’électricité en Allemagne et qu’il faut donc revenir sur ces sanctions», avait-elle relevé.

Une majorité d’Allemands pour les sanctions

Selon un sondage publié le 7 mars par le quotidien Handelsblatt, la majorité des Allemands soutiennent cependant cette sanction drastique : 54% des personnes interrogées s’y déclarent favorables, d’après ce sondage de l’institut Yougov, avec 30% «tout à fait» favorables et 24% «plutôt» favorables.

L’économiste Veronika Grimm, l’une des plus réputées du pays, a estimé dans le quotidien Bild qu’un arrêt des importations de gaz russe «serait un défi, mais pas une catastrophe».

Les réservoirs de gaz sont actuellement remplis à près de 30%, a-t-elle rappelé. «C’est suffisant pour les mois à venir. Mais pour l’hiver prochain, nous devrions prendre des dispositions immédiates, ce qui pourrait être organisé», selon Veronika Grimm.