La monnaie turque continue sa dégringolade

Victime du regain de tensions géopolitiques, la monnaie turque a établi ce lundi 26 octobre un nouveau plus bas historique. Le dollar a atteint 8,06 livres et l’euro 9,53 livres. La devise turque enregistre cette année la deuxième plus forte baisse (-26 %) de la sphère émergente derrière le real brésilien.

La devise turque est tombé à 7,932 lires pour un dollar (-1,57%) dans l’après-midi, la Banque centrale ayant déçu les cambistes. L’institution financière a maintenu inchangé son principal taux directeur à 10,25%, surprenant la quasi-totalité des spécialistes qui anticipaient une nouvelle hausse. Il avait été rehaussé de 200 points fin septembre.

« Un resserrement significatif des conditions financières a été réalisé, suite aux mesures de politique monétaire et de gestion des liquidités prises pour contenir les anticipations d’inflation et les risques pesant sur les perspectives d’inflation » a justifié la Banque centrale.

Cette nouvelle dégringolade intervient alors que les relations entre la Turquie et ses alliés occidentaux, en particulier la France, sont tendues notamment en raison des forages turcs controversés en Méditerranée orientale. La Turquie se trouve aussi sous la menace de sanctions américaines après avoir récemment testé, au grand dam de Washington, un système de défense anti-aérien sophistiqué, le S-400, acquis auprès de la Russie malgré les mises en garde de l’Otan dont Ankara fait partie.

L’affaiblissement de la livre turque alimente l’inflation

La chute de la livre illustre aussi la défiance accentuée ces dernières années entre les marchés et Ankara, notamment depuis une tentative de putsch en 2016 qui a été suivie d’une ferme reprise en main des affaires économiques par le président islamiste Recep Tayyip Erdogan.

Ainsi, le maintien ou les baisses répétées du principal taux directeur de la Banque centrale depuis un an ont stupéfié les économistes, qui l’exhortent au contraire à relever ses taux pour contrer l’inflation.

Le président Erdogan s’oppose fermement à toute hausse des taux d’intérêt, qu’il a qualifiés de «mère et père de tous les maux». En plus d’alimenter l’inflation, l’affaiblissement de la livre alourdit le fardeau déjà écrasant de la dette libellée en devises étrangères qui pèse sur de nombreuses entreprises turques.

La dépréciation de la livre turque renforce aussi les inquiétudes sur les capacités de l’économie turque à se remettre de la pandémie de Covid-19, qui a frappé alors que le pays se relevait à peine de sa première récession en une décennie.

Avec agences