Alors que les perspectives de croissance mondiale sont nettement inférieures à la moyenne historique et que les divergences économiques s’accentuent, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a exhorté jeudi les responsables politiques à s’attaquer résolument à l’inflation et à la dette, ainsi qu’à favoriser la transformation économique.
« L’environnement mondial est devenu plus difficile. Les tensions géopolitiques augmentent les risques de fragmentation de l’économie mondiale », a-t-elle averti dans un discours prononcé au Conseil atlantique à Washington, avant les réunions de printemps 2024 du FMI et de la Banque mondiale.
Qualifiant l’activité économique mondiale de faible par rapport aux normes historiques, Mme Georgieva a noté que la perte de production mondiale depuis 2020 s’élevait à environ 3.300 milliards de dollars et que les coûts étaient disproportionnés pour les pays les plus vulnérables.
La patronne du FMI a mis en évidence une divergence croissante au sein des groupes de pays et entre eux.
Parmi les économies avancées, les Etats-Unis ont connu le plus fort rebond, aidés par une croissance accrue de la productivité. En revanche, l’activité dans la zone euro se redresse beaucoup plus progressivement, reflétant les effets persistants des prix élevés de l’énergie et d’une croissance plus faible de la productivité, a-t-elle observé.
« Mais la divergence la plus frappante concerne les pays à faible revenu, pour lesquels les conséquences ont été les plus graves. Parmi eux, ce sont les économies fragiles et touchées par des conflits qui portent le fardeau le plus lourd », a relevé Mme Georgieva.
Pour elle, la première chose à faire pour les décideurs politiques est de rétablir la stabilité des prix. Au dernier trimestre 2023, l’inflation globale pour les économies avancées était de 2,3%, contre 9,5% 18 mois plus tôt. Pour les marchés émergents médians et les économies en développement, l’inflation est tombée à 4,1%.
« Nous nous attendons à ce que la tendance se poursuive en 2024, créant les conditions pour que les banques centrales des principales économies avancées commencent à réduire leurs taux au second semestre de l’année », a dit la directrice générale du FMI, tout en notant que le rythme et le calendrier du pivot monétaire devraient varier.
« Le cas échéant, les décideurs politiques doivent résister aux appels à des baisses anticipées des taux d’intérêt. Un assouplissement prématuré pourrait donner lieu à de nouvelles surprises en matière d’inflation, qui pourraient même nécessiter un nouveau resserrement monétaire », a averti Kristalina Georgieva.
« D’un autre côté, un délai trop long pourrait refroidir l’activité économique », a-t-elle ajouté.
Mme Georgieva a par ailleurs déclaré que les amortisseurs budgétaires étaient épuisés et que les niveaux d’endettement de la plupart des pays étaient tout simplement trop élevés.
La hausse des taux d’intérêt fait grimper le coût du service de la dette, qui est « le plus douloureux » dans les pays à faible revenu, a-t-elle dit, soulignant que « le paiement de leurs intérêts devrait représenter en moyenne 14% des recettes publiques, soit environ le double du niveau d’il y a 15 ans ».
Au final, Mme Georgieva a exhorté les pays à atteindre des niveaux d’endettement viables et à constituer des réserves plus solides pour faire face aux chocs futurs. « Pour certains, l’atermoiement n’est tout simplement pas une option : la consolidation doit commencer maintenant pour éviter de basculer dans le surendettement », a-t-elle exhorté.