La Brigade de l’Epuration Raciale qui s’occupe de la chasse aux noirs

L’employé des tribunaux balança un œil dédaigneux et méprisant qui glaçait le sang du juge prononçant son acquittement. Il le connaissait. Un dégonflé et une mauviette qui sentait la naphtaline et puait l’argent sale des justiciables qu’il partageait avec lui.

Le greffier au visage émacié et dénué de toute lueur d’intelligence savait que ses protecteurs au plus haut niveau ne le laisseraient pas tomber. Ils les tenaient par les couilles. Le torse bombé, les narines entrouvertes de fierté, il se sentait des ailes en franchissant la porte d’entrée du tribunal. Il appela sa femme, ses chiens, ses frères et sœurs et leur annonça la nouvelle pour venir le cueillir.

Le tabbal, le zakkar et tout le quartier festoyait sa libération. Les zabratas se soulaient, les mégères poussaient des you you, la maison se remplissait et vomissait les sympathisants jusqu’à une heure tardive, sous l’œil perdu des jeunes soulards adossés à même le sol sur le mur lézardé de la maison en face.

Puis quand le silence s’éteignait lentement sur la maison du greffier, entrecoupé par le seul ronflement de sa maman et d’un salamalek d’un dernier invité, il rejoignit sa femme qui s’étalait, comme un tas, sur le lit conjugal qui débordait de sa chair flasque et adipeuse, la chevaucha, éjacula dans un râle qui sentait l’haleine fétide et le moisi des dossiers pourri qu’il savait enterrer et qui ressortaient de ce râle sous forme de bestioles répugnantes volantes. Il s’affala sur sa grosse qui ne sentait rien et fantasmait sur héros du feuilleton puis se rendormit enfoui dans sa chair, quand soudain on sonna à la porte avec insistance. Elle l’extirpa des décombres de sa chair et se précipita pour ouvrir. C’étaient les flics, ceux-là même venus l’arrêter il y a deux jours, qui retournaient le reprendre.

Sur leur chemin, un cortège impressionnant de voitures luxueuses, de motards empruntait toutes sirènes dehors le chemin de Ben Arous et bloquait la circulation. Une haute autorité se postait devant les ruines d’un centre de formation en éternelle construction et tempêtait, baveux avec des boulettes blanches dans les deux commissures de ses lèvres, contre le ministre du travail qu’il limogeait, l’ éternel inconnu qui le hantait et lui mangeait la croute de son peuple, le noir subsaharien qui venait dénaturer son identité arabo-musulmane et le greffier qui somnolait derrière dans le panier à salade cahotant qui l’emmenait.

Les flics reprenaient leur chemin vers les geôles suintant de crasse et l’odeur de pisse. Un noir africain ensanglanté se jetait devant leur vieux tacot et les suppliait de le sauver de la meute de chiens enragés qui voulaient le lyncher sous les cris d’Allahou Akbar. Ils étaient en charge du greffier. C’est la Brigade de l’Epuration Raciale – la BER – qui s’occupait de la chasse aux noirs pour garder intacte kharya ommatin okhrijet lenness.

L’agitateur