La visite de Ferid Belhadj, et sa délégation en Tunisie, cette fin de semaine a permis de mettre en relief, le nouveau modèle de développement dessiné à Washington pour la Tunisie. Ce modèle utilise les enjeux climatiques pour restructurer l’économie en accordant plus de place au secteur privé, en réduisant les subventions, en réduisant la taille de l’Etat, et bien d’autres réformes implicites et qui dans leurs finalités rejoignent celles prônées par le FMI, mais refusées par le président Kais Saied.
Le nouveau modèle de développement plaidé sur les différentes tribunes par Ferid Belhadj est détaillé dans un document de plus de 120 pages, dont le titre porte les notes clefs à savoir climat et développement pour la Tunisie.
Il convient de lire le rapport à ce sujet, disponible en arabe, en français et en anglais.
Le rapport utilise les données du GIEC (groupe internationale d’études sur le Climat), valorise les données économiques, sociales et géophysiques de la Tunisie, pour élaborer plusieurs scénarios et trajectoires prospectives (jusqu’à 2030, 2050 et 2100), qu’il évalue en terme de coûts bénéfices pour la Tunisie.
L’un des scénarios de ce nouveau modèle climat-développement appuie ses recommandations sur un scénario d’élévation du niveau de la mer de 0,7 et l’augmentation de la température moyenne de 4 degrés Celsius en moyenne d’ici 2100.
La BM n’explique pas tous ses calculs et modèles utilisés dans ce rapport de 107 pages. Les médias et les économistes tunisiens n’ont pas jugé bons d’analyser ce rapport et pour commenter ses dits et non-dits.
Une première lecture de ce rapport, permet de constater plusieurs lacunes et défaillances méthodologiques, pour dire que le coût de l’inaction face aux changements climatiques coûtera à la Tunisie 54 milliards de $.
Plusieurs données et estimations utilisées dans le rapport sont obsolètes, non vérifiables ou manquantes pour tout chercheur qui veut reproduire et tester la robustesse des scénarios.
On se limite à dire que les estimations ont été faites par des experts de la Banque mondiale et grâce à des logiciels nommés, mais sans en dire plus.
On prend pour acquis que le travail a été fait par les experts de la Banque mondiale, et que les Tunisiens n’ont pas besoin d’avoir tous les détails méthodologiques, fort complexes.
Ce rapport ne peut pas être accepté par le gouvernement tunisien, en l’état! Il a besoin de correction, de vérification et redéfinition des postulats sous-jacents à ses scénarios et trajectoires.
La partie méthodologique est défaillante, et ne prend pas en compte, les données sociologiques présentes, passeees et futures.
Le rapport parie sur la peur, la menace pour imposer une démarche fondée sur plus de libéralisme économique, disant explicitement que si la Tunisie ne suit pas les recommandations de ce rapport, tout le littoral touristique sera englouti par la montée des eaux de la mer.
Economics for Tunisia, E4T