Les deux-tiers des Français soumis à un couvre-feu, l’Irlande et le Pays de Galles confinés, des records de contaminations en Allemagne : la situation est « grave » en Europe, nouvel épicentre de la pandémie de Covid-19, préviennent les gouvernements.
Le continent a dépassé jeudi les huit millions de cas et les 256.000 morts, selon un bilan établi par l’AFP.
Face à la résurgence du coronavirus, les mesures restrictives se multiplient en Europe. Un confinement partiel entre en vigueur jeudi en République tchèque, alors que l’Irlande s’est reconfinée dès mercredi soir. Et un couvre-feu est instauré dans deux régions italiennes.
L’Europe se referme de plus en plus pour contrer la nouvelle vague de Covid-19, à l’instar de la République tchèque où le gouvernement a annoncé des restrictions aux déplacements des personnes ainsi que la fermeture de magasins et de services pour intensifier la bataille contre la maladie, à partir de jeudi 22 octobre et jusqu’au 3 novembre.
Tous les points de vente, à l’exception des magasins d’alimentation et des pharmacies, seront fermés à compter de jeudi, jusqu’au 3 novembre. Seules des sorties pour le travail, les courses et les visites chez le médecin sont autorisées.
Ces mesures restrictives interviennent alors que les Tchèques comptabilisaient de loin, mardi, le plus grand nombre de nouveaux cas et de décès pour 100 000 habitants calculés sur les deux semaines précédentes.
Couvre-feu en Lombardie et Campanie
Dans deux provinces italiennes, la Lombardie, région septentrionale la plus touchée par la pandémie, et la Campanie au sud où se trouve Naples, on se prépare à mettre en place une autre mesure pour faire face à la nouvelle flambée des cas de Covid-19 : le couvre-feu. Celui-ci sera en vigueur en Lombardie à partir de jeudi, de 23 h à 05 h, pour trois semaines.
Le président de la Campanie, Vincenzo De Luca, a lui annoncé le début du couvre-feu pour vendredi 23 h dans cette région du sud de l’Italie. Il n’a pas précisé à quelle heure le matin il serait levé ni la durée de cette mesure.
L’Italie connaît depuis vendredi une forte hausse des cas de Covid-19, avec plus de 10 000 malades par jour, et la Lombardie, où se trouve Milan, est la plus touchée, comme elle l’avait été au début de la pandémie, en février et mars. La Campanie l’est aussi, mais avec un système sanitaire moins efficace que celui de la Lombardie, elle se trouve dans une position plus difficile.
Une multiplication inédite des cas en Allemagne
La situation s’aggrave également en Allemagne, où, pour la première fois depuis le début de la pandémie, le nombre de nouvelles infections au Covid-19 a dépassé les 10 000 cas en moins de 24 heures, selon des données officielles publiées jeudi.
L’Allemagne a ainsi comptabilisé 11 287 cas, un chiffre en nette augmentation de près de 3 700 par rapport à la veille, qui dépasse largement le précédent record de vendredi dernier fixé à 7 830 nouvelles infections enregistrées par l’institut de veille sanitaire Robert Koch.
Confinement en Irlande
En Irlande, les mesures les plus dures sont entrées en vigueur dans la nuit de mercredi à jeudi, à 23 h GMT, avec un reconfinement. Dans l’espoir de « célébrer Noël correctement », selon les termes du Premier ministre Micheal Martin, les Irlandais sont assignés à résidence pour six semaines, mais les écoles resteront ouvertes.
Les commerces non essentiels fermeront et les Irlandais ne pourront sortir de chez eux pour faire de l’exercice que dans un rayon de cinq kilomètres, sous peine d’amendes.
Inquiétude et villes bouclées en Espagne
La situation continue aussi de s’aggraver en Espagne, devenue le premier membre de l’UE, et le sixième pays au monde, à franchir le cap du million de cas de coronavirus.
Face à la recrudescence des cas, les autorités espagnoles ont dû imposer dans l’urgence de nouvelles restrictions, avec le bouclage partiel d’une dizaine de nouvelles villes et de certaines régions.
La Pologne veut durcir ses restrictions
La Pologne pourrait également être concernée par un durcissement des restrictions, selon la volonté de son Premier ministre qui a déclaré souhaiter étendre à l’ensemble du pays les restrictions entrées en vigueur la semaine dernière sur près de la moitié du territoire, proclamée « zone rouge », face à une flambée des cas de coronavirus.
En « zone rouge » polonaise, le port du masque est obligatoire, y compris dans la rue, et tous les lycées et universités sont fermés et pratiquent l’enseignement à distance. Les restaurants doivent fermer à 21 h, les cérémonies de mariage sont interdites et le nombre de personnes admises dans les magasins, les transports publics et les offices religieux est limité.
« L’Europe flambe »
En France, où plus de 41.600 cas ont été diagnostiqués en 24 heures – soit 15.000 de plus que la veille et un nouveau record-, le gouvernement a étendu jeudi le couvre-feu nocturne (21H00 à 06H00), qui concernera à partir de samedi 46 millions de personnes à Paris et dans les principales villes, soit les deux tiers de la population, pour six semaines.
« Les semaines qui viennent seront dures et nos services hospitaliers vont être mis à rude épreuve », a prévenu le Premier ministre Jean Castex, attendant un mois de novembre « éprouvant » et un nombre de morts (déjà plus de 34.000) qui va « continuer d’augmenter ».
« Toute l’Europe est en train de flamber », a lancé le ministre de la Santé Olivier Véran.
La République tchèque, qui comptabilise de loin le plus grand nombre de nouveaux cas et de décès pour 100.000 habitants sur les deux dernières semaines, instaure jeudi un confinement partiel jusqu’au 3 novembre : restrictions des déplacements et contacts, fermetures de tous les magasins et services non essentiels.
La Belgique a opté pour le couvre-feu nocturne et la fermeture des cafés et restaurants pour un mois, les autorités parlant d’une situation « bien pire » qu’au printemps. La ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès est en soins intensifs.
Les deux principales villes de Grèce, Athènes et Thessalonique, seront elles aussi soumises à un couvre-feu nocturne à partir de samedi.
« Fatigués, contaminés, malades »
Pays le plus pauvre de l’UE, la Bulgarie a décidé jeudi de rendre le masque obligatoire dans les espaces extérieurs animés. Le ministre de la Santé, Kostadin Anguelov, s’est alarmé de la situation du personnel médical : « Ils sont tous fatigués, une grande partie d’entre eux sont contaminés, malades, certains sont en réanimation. Nous avons besoin d’aide ».
D’autres pays européens ont battu jeudi des records de contaminations : le Danemark (+760 nouveaux cas, pour 6,8 millions d’habitants), la Croatie (+1.563) dont le gouvernement s’inquiète d’un grand nombre de « micro-foyers », la Bosnie (+999)…
« L’épidémie se répand vite dans toute l’Europe, qui est maintenant l’épicentre », a observé la Première ministre danoise Mette Frederiksen.
Record de contaminations également au Portugal où trois communes du Nord, soit 150.000 personnes, devront se reconfiner totalement vendredi, et les déplacements entre communes seront interdits dans tout le pays pour la fête de la Toussaint, du 30 octobre au 3 novembre.
La Slovénie a annoncé jeudi une semaine de nouvelles restrictions à partir de samedi : centres commerciaux, restaurants et hôtels notamment seront fermés et seul un tiers des transports en commun fonctionnera.
« Les mesures seront similaires à celles en vigueur au printemps », a déclaré à la presse le Premier ministre Janez Jansa.
L’espoir d’un vaccin efficace a été assombri par la mort d’un volontaire au Brésil de complications liées au Covid-19.
Ce dernier, un médecin de 28 ans, avait participé aux tests du vaccin élaboré par l’université d’Oxford contre le Covid-19 au Brésil. Il s’agit du premier décès d’un volontaire prenant part aux tests d’un des nombreux essais de vaccin en cours dans le monde.
La pandémie a fait au moins 1.133.136 morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l’AFP jeudi.
Avec agences