Etats-Unis : Le covid-19 fait chuter le PIB de 4,8 %

Il s’agit du plus important recul depuis la récession de 2008 et les observateurs prévoient une baisse encore plus brutale au deuxième trimestre.

La pandémie de coronavirus a mis fin à plus de dix années de croissance aux États-Unis, où le PIB a chuté de 4,8 % au 1er trimestre en rythme annuel, la plus forte baisse depuis 2008, selon une estimation préliminaire du département du Commerce publiée mercredi 29 avril .

L’ensemble des effets économiques de la pandémie de COVID-19 ne peut pas être quantifié dans l’estimation du PIB pour le premier trimestre de 2020, avertit le département du Commerce.

Ce n’est en effet qu’à la fin de ce trimestre que la première économie mondiale a été mise à l’arrêt progressivement, face à la progression du virus dans le pays.

Le deuxième trimestre devrait donc connaître une chute bien plus forte.

Le confinement a entraîné des changements rapides de la demande, car les entreprises et les écoles sont passées au travail à distance ou ont annulé leurs activités et les consommateurs ont annulé, restreint ou réorienté leurs dépenses, relève le département du Commerce.

Les États-Unis ont connu une croissance de 2,3 % en 2019, et le président Donald Trump, qui avait fait de la bonne santé de son économie un argument dans sa course à la réélection, visait 3 % par an.

Cette baisse de 4,8 % est un peu plus forte qu’attendu, les analystes tablaient sur un recul de 4,3 %.

C’est la chute la plus importante depuis le 4e trimestre 2008, où les États-Unis s’enfonçaient dans la crise économique. La chute avait alors été de 8,4 %.

L’évolution du PIB en rythme annuel, mesure privilégiée aux États-Unis, compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière.

26 millions de chômeurs

Dans le détail, la consommation a reculé de 7,6 %, avec un effondrement des achats de biens durables (– 16 %), en particulier dans l’automobile. La consommation de services a, elle, baissé de 10 %, avec la fermeture des restaurants et de toutes les activités culturelles et sportives. L’investissement est également en baisse de 5,6 %, avec un recul supérieur à 15 points dans les biens d’équipement. La baisse de 8,7 % des exportations s’explique, notamment, par le recul des services (– 29,8 %), en particulier des transports. Les importations de biens et services ont reculé de 15 %. La seule hausse concerne les dépenses publiques, qui ont crû de 0,7 point par rapport au trimestre précédent.

Cette contraction de 4,8 points de l’économie s’explique par une chute de 5,26 points de la consommation, de 0,96 point de l’investissement. Les échanges ont contribué positivement de 1,3 point à la croissance (chute moins forte des exportations que des importations) et le gouvernement, dont les dépenses n’ont pas baissé, de 0,13 point.

Le revenu disponible des ménages a, quant à lui, progressé de 0,5 point (après 1,6 au dernier trimestre 2019), en raison, notamment, des dépenses gouvernementales. En temps de crise, le taux d’épargne des ménages a progressé de 7,6 % à 9,6 %.

Les observateurs prévoient une chute encore plus brutale au deuxième trimestre, avec la fermeture de la quasi-totalité de l’économie américaine en avril et sa tentative de déconfinement prévue pour le mois de mai. Cette crise s’est traduite par une envolée sans précédent du chômage, avec plus de 26 millions d’Américains – sur une population active d’environ 165 millions – inscrits au chômage en quatre semaines.

Des mesures de soutien et quelques ratés

Pour éviter une catastrophe sociale digne des années 1930, le gouvernement fédéral, avec l’appui conjoint des républicains et des démocrates, a voté une indemnité chômage fédérale de 2 400 dollars (2 209 euros) par mois, et ce, jusqu’à l’automne. S’y ajoute un chèque fédéral de 1 200 dollars par personne, à condition de gagner moins de 75 000 dollars par an, auxquels s’ajoutent 500 dollars par enfant. Les fonds arrivent progressivement.

Enfin, Washington a débloqué 660 millions de dollars (608 millions d’euros) de prêts éventuellement non remboursables aux PME, à condition qu’elles conservent leurs salariés. Cette politique a connu des ratés, en raison de la défaillance des serveurs informatiques et le comportement de nombreuses institutions, comme l’université Havard, la chaîne de hamburgers Shake Shack ou l’équipe de basket-ball Los Angeles Lakers, censées être prospères, qui ont demandé et obtenu l’argent du contribuable. Ces mesures de soutien apparaîtront pour le deuxième trimestre.

Ce chiffre du PIB est publié alors que la Réserve fédérale américaine (banque centrale, Fed) achève ses deux journées mensuelles de réunion ce mercredi. En deux fois, elle a baissé ses taux directeurs à un niveau compris entre 0 % et 0,25 % pour juguler la crise et inondé le marché de liquidités. Le président de la Fed, Jerome Powell, devrait répéter son engagement à soutenir l’économie. Wall Street devait ouvrir en hausse, persuadé du soutien de M. Powell.

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L’étendue des dégâts ne sera visible qu’au deuxième trimestre

Ce recul « sera la partie émergée de l’iceberg », avait averti Kevin Hassett, le conseiller économique de Donald Trump, mardi matin sur CNN. Les mois à venir vont connaître des chutes « telles qu’elles ne ressembleront à rien de ce que vous avez déjà vu », a-t-il ajouté.

« L’ensemble des effets économiques de la pandémie de Covid-19 ne peut pas être quantifié dans l’estimation du PIB pour le premier trimestre de 2020 », a averti le département du Commerce. L’étendue des dégâts provoqués par la pandémie de Covid-19 sur l’économie américaine ne sera en effet visible qu’à partir du mois d’avril.

Un décalage qui s’explique principalement par le fait que les mesures massives de confinement visant à lutter contre la propagation du virus ont été prises dans la deuxième partie du mois de mars seulement.

Le confinement a « entraîné des changements rapides de la demande, car les entreprises et les écoles sont passées au travail à distance ou ont annulé leurs activités et les consommateurs ont annulé, restreint ou réorienté leurs dépenses », relève le département du Commerce.

Écoles, bars, restaurants, commerces et établissements jugés non indispensables ont progressivement dû mettre leur activité en pause, et en cinq semaines, plus de 26 million de personnes se sont inscrites au chômage. Un chiffre inédit.

Avec agences