Des milliers d’agriculteurs manifestent ce mardi dans différentes régions d’Espagne, bloquant plusieurs routes à l’aide de tracteurs afin de protester contre la politique agricole européenne et dénoncer la précarité régnant dans le secteur.
Mobilisés à l’appel d’une fédération de syndicats agricoles régionaux appelée « Unión de Uniones » (l’Union des Syndicats), mais aussi de groupes organisés sur WhatsApp, les manifestants appellent à des mesures concrètes face aux difficultés auxquelles se heurtent nombre d’exploitations.
Selon la Direction générale du trafic, cette mobilisation s’est traduite mardi matin par des dizaines d’opérations escargots et de blocages dans tout le pays, en particulier dans les provinces de Zamora (Nord-Ouest), Tolède (centre), Séville (Sud), Murcie (Sud-Est) et Gérone (Nord-Est).
Les motifs de colère « ne manquent pas », a assuré sur le réseau social X l’Unión de Uniones qui dénonce pèle-mêle une politique européenne trop complexe, des normes trop contraignantes, des revenus trop bas et la concurrence jugée déloyale des produits étrangers importés dans l’Union européenne.
Un message relayé par les trois principaux syndicats agricoles espagnols (Asaja, Coag, UPA), qui ne participent pas au mouvement de mardi mais ont prévu d’autres manifestations dans les prochains jours, notamment jeudi à Salamanque (centre) et Huesca (Nord) ainsi que vendredi à Bilbao (Nord).
Ces trois syndicats ont été reçus en urgence vendredi par le ministre de l’Agriculture Luis Planas qui s’est engagé à « travailler » pour répondre à la crise du secteur. Cette réunion n’a cependant pas suffi à désamorcer la crise, qui touche l’ensemble du monde agricole européen.
Interrogée mardi matin sur la radio publique RNE, la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera a dit comprendre les « préoccupations » des agriculteurs, confrontés à de lourdes « charges bureaucratiques » et à une sécheresse historique qui affecte les récoltes.
« Nous devons moduler les objectifs européens de durabilité, ce que l’on appelle l’Europe verte, au rythme exigé par le secteur », a estimé la ministre socialiste, tout en dénonçant la « manipulation » dont ces règles environnementales font actuellement l’objet.
Le « Pacte vert » de l’UE – décliné dans une série de législations environnementales, qui ne sont pour la plupart pas encore entrées en vigueur – est vivement critiqué en Espagne par le parti d’extrême droite Vox, qui l’accuse de vouloir « détruire » l’agriculture ibérique.
L’Espagne, souvent qualifiée de « potager de l’Europe », est le premier exportateur européen de fruits et légumes. Le secteur agricole espagnol est néanmoins en difficulté, en raison notamment du manque de pluies qui sévit depuis trois ans dans la péninsule ibérique.