Des centaines d’experts, dont Elon Musk, veulent une pause dans la recherche sur les intelligences artificielles

Elon Musk et des centaines d’experts du numérique dans le monde ont signé, le mercredi 29 mars, un appel demandant de faire une pause de six mois dans la recherche et les développements des programmes d’intelligences artificielles. La crainte des signataires seraient que ces programmes de plus en plus sophistiqués puissent représenter « des risques majeurs pour l’humanité ».

Elon Musk et des centaines d’experts veulent une pause de six mois dans la recherche sur les intelligences artificielles (IA) plus puissantes que ChatGPT 4, le modèle d’OpenAI lancé mi-mars, en pointant «des risques majeurs pour l’humanité».

Les signataires d’une pétition parue jeudi 29 mars sur le site futureoflife.org réclament un moratoire jusqu’à la mise en place de systèmes de sécurité, dont de nouvelles autorités réglementaires dédiées, la surveillance des systèmes d’IA, des techniques pour aider à distinguer le réel de l’artificiel et des institutions capables de gérer «les perturbations économiques et politiques dramatiques [en particulier pour la démocratie] que l’IA provoquera».

La pétition réunit des personnalités qui ont déjà publiquement exprimé leurs craintes envers des IA incontrôlables qui surpasseraient l’être humain, dont Elon Musk, propriétaire de Twitter et fondateur de SpaceX et de Tesla, et Yuval Noah Harari, l’auteur de «Sapiens».

Egalement signataire, Yoshua Bengio, pionnier canadien de l’IA, a exprimé ses préoccupations, lors d’une conférence de presse virtuelle à Montréal : «Je ne pense pas que la société est prête à faire face à cette puissance-là, au potentiel de manipulation par exemple des populations qui pourrait mettre en danger les démocraties», a-t-il estimé.

«La société a besoin de temps pour s’adapter»

«Il faut donc prendre le temps de ralentir cette course commerciale qui est en route […] comme nous l’avons fait pour l’énergie et les armes nucléaires», a-t-il ajouté, appelant à discuter de ces enjeux au niveau mondial.

Sam Altman, patron d’OpenAI, concepteur de chatGPT, a lui-même reconnu être «un petit peu effrayé» par sa création si elle était utilisée pour de «la désinformation à grande échelle ou des cyberattaques». «La société a besoin de temps pour s’adapter», avait-il déclaré à ABCNews mi-mars.

«Ces derniers mois ont vu les laboratoires d’IA s’enfermer dans une course incontrôlée pour développer et déployer des cerveaux numériques toujours plus puissants, que personne — pas même leurs créateurs — ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable», estiment les signataires de l’appel.

« Devons-nous laisser les machines inonder nos canaux d’information de propagande et de mensonges ?« 

Devrions-nous automatiser tous les emplois, y compris ceux qui sont gratifiants ? Devons-nous développer des esprits non humains qui pourraient un jour être plus nombreux, plus intelligents, nous rendre obsolètes et nous remplacer ? Devons-nous risquer de perdre le contrôle de notre civilisation ? Ces décisions ne doivent pas être déléguées à des leaders technologiques non élus», concluent-ils. Devons-nous laisser les machines inonder nos canaux d’information de propagande et de mensonges ? Les signataires comprennent aussi le cofondateur d’Apple Steve Wozniak, des membres du laboratoire d’IA de Google DeepMind, le patron de Stability AI Emad Mostaque, concurrent d’OpenAI, ainsi que des experts en IA et universitaires américains, ingénieurs cadres de Microsoft, groupe allié de OpenAI.