Covid-19 : Ryanair prévoit la suppression de 3.000 emplois

En raison de la pandémie qui cloue tous les avions de tourisme au sol, la compagnie aérienne irlandaise prévoit de se séparer de 3000 employés (sur 19.000 salariés) , principalement parmi les pilotes et le personnel naviguant.

La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé , vendredi 1er mai,   son intention de supprimer jusqu’à 3.000 emplois, soit 15% de ses effectifs, et de négocier avec Boeing des reports de livraison en raison de la pandémie de coronavirus.

Il y a deux semaines encore, Michael O’Leary, le directeur général de la première compagnie aérienne à bas coûts d’Europe, déclarait prévoir un rebond de ses profits en 2021 et ne pas vouloir différer ses commandes d’appareils.

Mais dans un communiqué aux investisseurs, Ryanair a dit vendredi repousser de juin à juillet le redémarrage de ses activités, ajoutant qu’il prévoyait d’opérer à 50% de ses capacités sur les trois mois de juillet à septembre, sa période d’ordinaire la plus active.

La compagnie a également déclaré revoir ses prévisions de croissance et de commandes d’appareils et négocier avec Boeing pour réduire le nombre de ses livraisons au cours des 24 prochains mois.

“Ryanair prévoit désormais que la reprise de la demande passagers et le retour à une politique tarifaire (au niveau de 2019) prendra au moins deux ans, jusqu’à l’été 2022 au plus tôt”, avertit Michael O’Leary dans le communiqué.

La compagnie, poursuit-il, va entamer des consultations sur la fermeture de ses bases et la suppression de 3.000 emplois, concernant principalement ses pilotes et personnels navigants.

Ryanair s’attend à une perte de 100 millions d’euros sur le trimestre avril-juin. Il s’agira de la première perte subie par la compagnie sur cette période, précise Michael O’Leary, qui s’attend également à une perte lors du trimestre estival.

Le directeur général de Ryanair ajoute qu’il entend contester devant les juridictions européennes l’octroi de milliards d’euros d’aides d’Etat aux compagnies aériennes concurrentes, qu’il assimile à du “dopage”.

Ryanair, dit-il, “va devoir rivaliser avec des compagnies aériennes nationales ayant reçu 30 milliards d’euros d’aides publiques (…) pendant les mois qui suivront cette crise du COVID-19”.

“La libre concurrence qui a transformé le transport aérien en Europe ces trente dernières années est gravement menacée”, a-t-il encore estimé dans un entretien à Reuters.

Autre compagnie irlandaise, Aer Lingus a annoncé à ses syndicats qu’elle cherchait à réduire ses effectifs de 20%, a-t-on appris vendredi de source proche des discussions.

La compagnie, qui appartient au groupe IAG, n’a pas souhaité faire de commentaire.

Une réduction de 20% des effectifs représenterait 800 à 900 employés, a précisé la même source, ajoutant que la direction envisageait la mise en place d’un plan de départs volontaires.

IAG, à qui appartiennent aussi British Airways, Iberia et Vueling, a déjà annoncé mardi qu’il pourrait supprimer jusqu’à 12.000 emplois au sein de la compagnie britannique.

Pas de soutien des pouvoirs publics

Ryanair opérera seulement 1% de ses vols en avril, mai et juin, soit 150.000 passagers sur la période, contre 42,4 millions attendus sans la pandémie. Pour l’été, la compagnie prévoit de ne transporter que la moitié des 44,6 millions de passagers prévus. Et cela représentera au total moins de 100 millions sur son exercice 2020-2021, loin des 154 millions espérés.

En termes financiers, Ryanair s’attend à une perte nette de 100 millions d’euros pour le premier trimestre (d’avril à juin) et devrait être encore dans le rouge au deuxième trimestre.

Le groupe explique être entré dans cette crise avec une trésorerie de 4 milliards d’euros et dit tout faire pour préserver ses finances, dénonçant au passage les aides fournies par les gouvernements à nombre de ses concurrents en Europe.

Ryanair, qui ne demandera pas de soutien des pouvoirs publics, estime que ces aides fausseront la concurrence pour plusieurs années et va les contester devant les tribunaux européens.

Avec agences