COVID-19 : le variant détecté en Grande Bretagne est de « 50 % à 74 % » plus contagieux

Le nouveau variant du coronavirus détecté en Grande Bretagne est bien de « 50 % à 74 % » plus contagieux, selon une étude mise en ligne jeudi 24 décembre , qui s’inquiète des conséquences possibles pour le nombre de décès et d’hospitalisations liées à la COVID-19 en sol britannique.

Sur la base des données préliminaires disponibles, l’étude conclut que le variant du Sars-Cov-2 soupçonné d’être à l’origine de la forte augmentation du nombre de cas dans le sud-est de l’Angleterre ces dernières semaines pourrait être de 50 % à 74 % plus transmissible (56 % en moyenne sur les trois régions concernées) que les souches jusqu’ici en circulation, résume l’un des auteurs, Nick Davies, biologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM).

Cette estimation, qui n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique ni analysée par des experts indépendants, est cohérente avec celle de 50 % à 70 % présentée lundi lors d’une conférence de presse par d’autres chercheurs, membres du groupe qui conseille le gouvernement britannique sur les virus respiratoires émergents, le NERVTAG.

Le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, avait évoqué dès le week-end dernier une contagiosité supérieure de 70 %, et les autorités britanniques ont transmis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’estimation d’une transmission accrue de 40 % à 70 %, sur la base de données préliminaires issues du séquençage du génome de virus prélevés à Londres et dans le sud-est du pays.

Détecté pour la première fois en septembre au Royaume-Uni, ce variant baptisé VOC 202012/01 présente 22 mutations sur son génome. L’une en particulier, nommée N501Y, se situe au niveau de la protéine Spike (spicule) du coronavirus, une pointe à sa surface qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle clé dans l’infection virale.

Un quart des nouvelles infections détectées en novembre dans les zones concernées étaient liées à ce variant début novembre, un taux passé à plus de 60 % début décembre. Et si la tendance actuelle se prolonge, le nouveau variant pourrait représenter 90 % des cas d’ici mi-janvier, selon Nick Davies.

Les chercheurs de la LSHTM n’ont pas pour le moment trouvé d’éléments indiquant que les individus qui contractent le nouveau variant présentent un risque accru d’hospitalisation ou de décès. Mais même à risque constant, la probable forte augmentation du nombre de cas provoquée par cette mutation pourrait avoir d’importantes conséquences sur le bilan de l’épidémie, estiment-ils.

L’augmentation récente du nombre d’infections dans plusieurs régions pourrait continuer et se propager à toutes les régions du Royaume-Uni sans mesures rapides, disent-ils.

En s’en tenant aux mesures restrictives en place avant le 19 décembre, leurs modélisations concluent que le nombre d’hospitalisations et de décès dus à la COVID-19 atteindra des niveaux plus élevés en 2021 que ceux observés en 2020.

Les autorités britanniques ont déjà décidé le week-end dernier des mesures supplémentaires, avec le reconfinement de Londres et d’une partie du pays.

Mais selon les auteurs de l’étude, il faudrait que la campagne de vaccination « s’accélère sensiblement » et que les écoles ferment durant janvier pour « réduire de façon substantielle » le bilan sanitaire.

L’Afrique du sud n’a jamais vu une lignée dominer ainsi, ni se répandre aussi vite

Le nouveau variant du coronavirus détecté en Afrique du Sud semble se transmettre plus rapidement que les souches plus anciennes, ce qui pourrait expliquer la soudaineté de la deuxième vague dans le pays, avancent les chercheurs qui l’ont identifié.

Nous pensons, et tous les éléments vont dans ce sens, que ce variant est davantage transmissible, a affirmé mercredi à la presse Tulio de Oliveira, directeur de l’institut de recherche KRISP, adossé à l’Université du Kwazulu-Natal.

Dans la soirée, le ministre de la Santé sud-africain a annoncé plus de 14 000 nouveaux cas recensés en 24 heures, alors que les chiffres oscillaient entre 8000 et 10 000 nouvelles infections quotidiennes ces derniers jours.

Avec un taux de positivité aux tests de 26 %, ces chiffres indiquent que le virus continue de se répandre de manière exponentielle, beaucoup plus rapidement que pendant la première vague, écrit le Dr Zweli Mkhize dans un communiqué.

Nous allons dépasser le pic de la première vague dans les prochains jours, prévient-il, affirmant que le gouvernement va devoir revoir les restrictions [en place] et envisager de nouvelles mesures pour ralentir ce taux alarmant de propagation.

L’équipe de chercheurs sud-africains, qui a séquencé des centaines d’échantillons de tout le pays depuis février, a remarqué l’apparition d’un variant particulier et dominant depuis plus d’un mois, similaire à un autre variant britannique.

En gros, de 80 à 90 % des génomes séquencés à partir de la deuxième moitié de novembre présentaient ce variant, détaille Tulio de Oliveira.

Nous n’avons jamais vu une lignée dominer ainsi, ni se répandre aussi vite, note-t-il. Jusque-là, normalement, de 20 et à 30 variants circulaient en même temps.

Ce que nous savons sur ce nouveau variant baptisé 501.V2, c’est qu’il a probablement émergé dans la région de Nelson Mandela Bay, autour de Port Elizabeth [sud-est]. Puis il s’est étendu vers Le Cap, région la plus touristique du pays, vers l’ouest, mais aussi vers le nord en direction de Durban, détaille le chercheur.

L’Afrique du Sud, pays africain de loin le plus touché par la COVID-19, compte désormais plus de 950 000 personnes déclarées positives au coronavirus depuis le début de la pandémie, dont 25 246 sont mortes.

Avec Agences