En Russie, deuxième pays du monde le plus frappé par le Covid-19 en nombre de cas confirmés, la levée du confinement a débuté mardi dans plusieurs régions. Le taux de mortalité reste toutefois faible dans le pays. Un bilan qui s’explique notamment, selon Moscou, par une large campagne de dépistage et des mesures de confinement instaurées dès le mois de mars.
La Russie, où le porte-parole du président Vladimir Poutine a été à son tour déclaré positif au nouveau coronavirus, est devenue , mardi 12 mai, le deuxième pays au monde en nombre de cas, mais elle a néanmoins entamé mardi un prudent déconfinement.
Se fiant à la faible mortalité officiellement enregistrée à travers le pays, dans plusieurs régions russes, moins touchées, certains commerces, comme les salons de beauté, ont pu rouvrir.
La plupart des lieux publics demeurent cependant fermés, restaurants compris, tandis que les rassemblements sont interdits jusqu’à nouvel ordre.
Ainsi, au Bachkortostan (Oural), le dirigeant régional Radi Khabirov a annoncé la réouverture diurne des rives, quais et parcs. Magadan, en Extrême-Orient, a pour sa part autorisé les activités sportives individuelles à l’extérieur.
À Moscou, principal foyer de l’épidémie, un confinement quasi général reste en vigueur. Le port du masque et des gants de protection a été rendu obligatoire dans les transports publics et les supermarchés.
Avec 232 243 cas depuis le début de l’épidémie, dont 10 899 annoncés mardi, la Russie est désormais 2e au monde en termes de contaminations, loin derrière les États-Unis, mais devant l’Espagne et le Royaume-Uni.
Depuis le début du mois de mai, ce sont plus de 10 000 cas qui sont recensés quotidiennement, une évolution que les autorités expliquent par un dépistage massif, avec 5,8 millions de tests, d’après le comptage du jour.
Contamination symbolique, le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a annoncé être malade de la COVID-19, mais ne pas avoir eu de contact avec le président depuis plus d’un mois.
Avant lui, le premier ministre Mikhaïl Michoustine avait annoncé son hospitalisation le 30 avril. Deux autres ministres ont aussi été contaminés.
Par rapport au nombre des cas, celui des morts, 2116, demeure cependant faible, loin des niveaux rencontrés en Italie, en France et même en Allemagne, pays cité en exemple pour sa gestion de la crise.
Moscou se défend de sous-estimer ses morts
Atteinte par l’épidémie après l’Europe occidentale, la Russie assure que si la mortalité est inférieure, c’est qu’outre le dépistage, elle a ordonné dès mars le confinement des voyageurs en provenance de pays touchés ainsi que des populations à risque, et a réorganisé son système hospitalier.
Des critiques jugent néanmoins que le décès de plusieurs milliers de personnes n’a pas été pris en compte, soupçonnant les autorités d’attribuer à d’autres pathologies des décès de malades de la COVID-19.
« Nous ne manipulons pas les statistiques officielles« , a répliqué la vice-première ministre responsable du dossier, Tatiana Golikova.
Dans ce contexte, Vladimir Poutine a ordonné un déconfinement régionalisé, « pas à pas », en fonction de la situation épidémiologique. Il a mis fin à une période chômée rémunérée nationale instaurée fin mars.
Le président a également appelé à la relance de la machine économique, qui a souffert, comme ailleurs, du confinement, mais aussi de la chute des prix du pétrole.
« Partout où c’est possible, il faut créer les conditions de la reprise des activités », a-t-il dit, citant notamment le bâtiment, l’industrie, l’agriculture et l’énergie.
À Moscou, l’essentiel des mesures de confinement reste cependant en vigueur jusqu’au 31 mai, la capitale comptant plus de la moitié des cas recensés en Russie.
Seul allègement, la réouverture mardi des industries et des chantiers, secteurs employant un demi-million de travailleurs.
En conséquence, le port du masque et de gants de protection a été rendu obligatoire dans les transports et lieux publics, comme les supermarchés. Mardi, les réfractaires étaient réprimandés, mais, dès mercredi, ils seront sanctionnés d’une lourde amende de 5000 roubles, soit 95 dollars canadiens.
Tatiana Khan, passagère d’un bus, estime la mesure nécessaire.
« C’est pour que tout le monde comprenne« , affirme cette employée municipale qui a travaillé à la désinfection des entrées d’immeubles et dont le mari, cuisinier, est au chômage du fait du confinement.
Enfin, à Saint-Pétersbourg, un incendie a fait cinq morts parmi des malades hospitalisés en réanimation. La cause du drame est un appareil de respiration artificielle qui a pris feu.
« On a évité un grand nombre de victimes grâce au professionnalisme et à l’abnégation des médecins et des infirmières », a dit, dans un communiqué, Alexandre Beglov, gouverneur de la ville.
Avec agences