L’opération Eurobond lancée par la Tunisie d’un montant d’US $ 1 milliard ou Euro 850 millions a été clôturée aujourd’hui avec juste 500 millions d’euros (environ US$ 570). Cette opération a capté l’intérêt de près de 120 candidats souscripteurs dont les offres ont atteint 1,250 milliard d’euros soit à peine 1,47 fois le montant projeté. Le nombre de souscripteurs pour un si petit montant indique que nous n’intéressons plus que les investisseurs de 4ème voire de 5ème position aux moyens limités et acceptant d’investir dans le spéculative grade.
D’une maturité de cinq ans, l’émission a été clôturée à un taux d’intérêt de 6,75% sans compter les frais de mise en place et autres success fees dûs aux quatre banques d’affaires et non des moindres arrangeurs de cette opération. Ce coût est relativement élevé comparé aux dernières sorties observées (i.e. Sénégal, …).
Cette opération est loin d’être un succès et n’augure rien de bon. Elle intervient à un moment où l’on se devait de rétablir la confiance ce qui n’est manifestement pas le cas.
Au-delà des considérations objectives sur l’état de notre économie, de la visibilité offerte et des incertitudes, le timing, me semble-t-il, a surement joué en notre défaveur puisque la sortie intervient, après moult reports, immédiatement après notre dégradation par Moody’s en B2 avec perspectives négatives. Ce qui n’est, somme toute, que la 14ème dégradation depuis 8 ans ! Manifestement, l’accord pour le déblocage de la quatrième tranche du FMI qui a surement motivé le report de la sortie, n’a pas été d’une grande utilité dans l’appréciation du risque des investisseurs au niveau souhaité.
Habib Karaouli
Commentaire de Meur Taoufik Baccar , ancien ministre des finances et ancien gouverneur de la BCT
Il faut rappeler que l’Agence Japonaise R and I a fait accéder la Tunisie en 2006 au grade À moins ,ce qui a permis à notre pays d’être classé pour la première fois de son histoire dans un grade réservé aux pays financièrement solides . Depuis la Tunisie a été déclassée cinq fois et risque ainsi un sixième déclassement .
Ce qui m’étonne ,c’est l’absence totale de réaction et de stratégie face à cette cascade de baisses et la simultanéité de ces baisses avec la sortie sur le marché financier international ce qui ne manquera pas d’impacter les résultats de cet emprunt obligataire .