À ceux qui ont fermé la vanne du pétrole et ont arrêté la production du phosphate!

Qu’on me parle pas de misère et de pauvreté pour tout justifier !
Nous étions pauvre aussi! Mais nous avons cravaché pour arriver. Nous avons commencé à travailler très tôt pour subvenir à nos besoins et soulager nos familles. Dès la fin de l’école, nous étions sur les chantiers pour gagner quelques Dinars pour se payer le peu de fournitures scolaires. Certains vendait du « hendi » ramassés très tôt le matin.
Les plus musclés d’entre nous déchargeaient les sacs de ciment contre de la petite monnaie.
Quand on achetait un kilo de sardines, on gardait le papier journal de l’emballage pour le lire et le passer entre nous. On s’amusait avec très peu de choses, on ne cassait rien, on courait partout, on vénérait celui qui possédait un ballon de foot, on sympathisait tous avec lui pour pouvoir jouer car il avait un « droit de vie et de mort  » sur nous. On ne se plaignait jamais et on rigolait de tout. Chacun racontait à sa manière ses petites misères mais nous n’avions qu’une seule obsession: travailler à l’école ou ailleurs pour s’en sortir.
Nous étions pauvres mais nous n’étions pas terroristes et nous n’avions pas cherché à payer des passeurs pour quitter la Tunisie. Nous n’avions rien saboté, rien détruit, rien cassé. Nous respections nos aînés et on levait pas les yeux vers eux. Nous étions dignes et courageux. Nous ne remplissions pas les cafés pour passer les journées à glander. On acceptait d’être peintre un jour, ouvrier en bâtiment le lendemain ou jardinier un autre jour.
Nous aimions la vie malgré sa rudesse et nous nous sommes donnés les moyens de la réussir!
Allez, aujourd’hui, demander à un de ces résidents permanents des cafés de venir vous aider à planter un arbre, à creuser une tranchée d’un mètre sur 50 cm , à ramasser des olives, à nettoyer une maison .. vous allez être déçus: vous subissez un interrogatoire de policiers sur la nature des travaux, les horaires, la qualité du sol, la distance par rapport au café et le salaire par seconde etc etc..
Pauvre est aussi celui qui ne veut pas travailler ou celui qui veut être payer à rien foutre!
!..AH..!

Ali Gannoun