La Tunisie semble incapable d’enrayer l’effondrement de son capital humain médical, et fait face à une fuite sans précédent de ses jeunes médecins.
Sur une promotion de 1 900 praticiens formés en 2025, près de 1 600 ont quitté la Tunisie, selon l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OJTM). Depuis 2019, environ 6 000 médecins ont choisi l’expatriation, contre seulement 266 en 2010. Une tendance devenue structurelle, selon l’organisation.
Le manque de réformes et la précarité des conditions de travail nourrissent une colère croissante.
Le 2 mai, une mobilisation massive a réuni plus de 93 % des jeunes médecins devant le ministère de la Santé, réclamant une réforme du système d’évaluation, jugé arbitraire, ainsi qu’une revalorisation salariale. Actuellement, la rémunération varie de 1 400 à 1 900 dinars tunisiens (environ 4,59 à 6,23 euros) durant la formation, et chute à 750–1.200 dinars (2,46 à 3,93 euros) lors de l’année de service civil. Les gardes, payées entre 1 et 3 dinars de l’heure (0,003 à 0,009 euros), sont souvent réglées avec des mois de retard.
La situation dans les hôpitaux est décrite comme critique. Le personnel médical cumule jusqu’à 100 heures de travail hebdomadaire.
Le système d’Activité Privée Complémentaire, proposé par le ministère, est jugé irréaliste au vu de la surcharge actuelle.
L’OJTM plaide pour des exemptions au service civil dans les cas particuliers, mais aucune mesure concrète n’a été annoncée.
Face à cette crise, la Tunisie s’oriente vers le recrutement de médecins étrangers. Le directeur régional de la santé de Gafsa a confirmé l’arrivée prochaine de praticiens chinois, dans le cadre d’un partenariat bilatéral.
Source : APA