Tahar Rahim et l’académie des César font la promotion de l’islamisme

La 48ème cérémonie des César a été présidée par  l’acteur franco-algérien Tahar Rahim. Son discours d’ouverture a été particulièrement bon, sans doute l’un des meilleurs de l’histoire des César. Il portait sur l’acceptation des différences de chacun où le cinéma joue un rôle important. Mais tout s’écroule à la fin quand, pour illustrer son propos, plusieurs personnes de toutes origines ethniques le rejoignent sur scène. Car parmi elles, Tahar Rahim a pris soin de bien mettre en avant une femme intégralement voilée.

Tout d’abord, si nous partons du principe que sa « tolérance » fait aussi référence à la religion, et que le voile serait un signe religieux en islam, seule cette religion a été présente de façon visible sur scène. La tolérance de l’acteur est donc plutôt le désir de privilégier une religion au détriment de toutes les autres. Quand on veut être « inclusif », alors on inclut tout le monde. Le fait d’afficher un seul signe « religieux » et d’exclure les autres est une forme de discrimination envers les « invisibilisés » catholiques, juifs, etc. De plus, quitte à afficher une opinion pour montrer la diversité dans nos différences, pourquoi choisir uniquement l’opinion religieuse ? Qui, sur scène, représente un syndicat ou un parti politique ? Personne. Seul la version extrémiste de l’islam peut bénéficier d’une telle promotion pour la défense de la différence.

Ensuite, le fait de réunir sur scène des femmes, des hommes, grands et petits, blancs, noirs, Maghrébins et métis… et une femme voilée signifie que « l’islam » serait une ethnie, le voile biologiquement cousu sur le crâne de ses porteuses, que toutes les (bonnes) musulmanes seraient naturellement voilées et que, pour les musulmans, il n’y aurait aucune possibilité de quitter l’islam comme il est impossible de changer de couleur de peau. Autrement dit, la liberté de conscience ne concernerait pas les femmes voilées ni l’ensemble des musulmans.
Enfin, aucune personne handicapée physique n’a été invitée sur scène, pourtant largement plus nombreuses en France que les femmes voilées. Le sexisme du voile serait plus représentatif de la diversité… Pour illustrer une ode à la tolérance des différences, ce n’est pas terrible.

Mais le véritable problème est ailleurs, car le voile n’est pas un signe religieux mais sexiste, patriarcal, identitaire et politique. Le voile n’affiche pas une religion, car tous les musulmans ne le considèrent pas comme une prescription. Il affiche une discrimination « choisie » envers les femmes. Être partisan d’une discrimination basée sur le sexe serait une simple différence avec une personne qui considère que les femmes et les hommes sont égaux. Cette « différence » doit être cajolée au risque de passer pour intolérant. C’est un classique de la rhétorique d’inversion. Pour fonctionner, cela passe par le biais « religieux » que Tahar Rahim et tant d’autres empruntent pour jouer sur la fibre de la liberté ou de la tolérance. Car les expressions « liberté religieuse » et « tolérance religieuse » existent depuis toujours. Mais il ne viendrait à l’esprit de personne de parler de « liberté patriarcale » ou de « tolérance sexiste »… Là, le voile n’a aucune chance.

Ainsi, Tahar Rahim est si imprégné de patriarcat qu’il ne voit aucun problème à afficher sur scène, au nom de la tolérance, sa vision de la femme inférieure, objet sexuel à dissimuler sous un voile pour ne pas exciter les hommes. Pour lui, c’est naturel. Et, comme toujours lorsqu’il s’agit du sexisme islamiste, les féministes intersectionnelles trouveront cela formidable « d’inclusivité ». Quand on considère que le sexisme et le patriarcat ne sont pas forcément condamnables, mais qu’en plus les défendre au nom de la liberté serait faire preuve de tolérance, c’est la preuve qu’il y a encore énormément de chemin à parcourir pour la lutte contre l’inégalité des sexes.

Enfin, le voile, dans sa forme contemporaine standardisée, a aussi été conceptualisé pour être un outil prosélyte et politique, peu importe les intentions de celles qui le portent. En affichant cette femme voilée sur scène, l’académie des Césars a fait le choix d’apporter sa contribution à la banalisation du sexisme du voilement des femmes, ainsi qu’au développement et à l’enracinement d’une idéologie totalitaire, l’islamisme, en France. Inviter sur scène un intégriste barbu vêtu d’un qamîs aurait été moins vendeur. « L’acceptation des différences » a ses limites.

« Pas besoin de parler, le voile le fait pour nous », comme le clament nombre de prédicateurs islamistes. Tahar Rahim et l’académie peuvent s’enorgueillir d’avoir confirmé à leur tour la pertinence du choix du sexisme du voile comme cheval de Troie prosélyte et politique.

Naëm Bestandji