Après plusieurs jours de tergiversation, le gouverneur de la capitale a décidé de fermer toutes les mosquées. Une décision loin de faire l’unanimité.
Aller à la mosquée malgré le coronavirus ? Au Sénégal, où l’islam est un puissant facteur de cohésion, la question s’est posée pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que le gouverneur de la région de Dakar tranche : les mosquées seront fermées dès ce vendredi 20 mars, jour de la grande prière hebdomadaire. Cette décision ultrasensible posait la question de la réaction des leaders religieux, à commencer par les chefs des puissantes confréries qui jouent un rôle primordial dans la société sénégalaise, et parmi eux le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. La confrérie des mourides, réputée jalouse de son indépendance, s’est finalement conformée à la décision du pouvoir politique. Le khalife général des mourides a donné pour consigne « de nous conformer aux directives de l’État qui a la responsabilité de la sécurité et de la santé publiques » et de fermer à partir de vendredi et « jusqu’à nouvel ordre » la grande mosquée Massalikoul Jinaan à Dakar, a indiqué dans un communiqué son représentant dans la capitale.
L’imam de la grande mosquée boycotte
L’imam Ratib de la Grande Mosquée de Dakar, Alioune Moussa Samb, ne parle pas le même langage avec la Fédération des imams et oulémas du Sénégal qui a annoncé mercredi la suspension, jusqu’à nouvel ordre, de la prière du vendredi dans l’ensemble des mosquées du pays. Il a décidé de poursuivre les prières comme à l’accoutumé, car, dit-il, « ça relève de la volonté de Dieu ».
« La prière de vendredi ne relève pas de notre prérogative. C’est une volonté de Dieu qui l’exige à tous fidèles musulmans. Et, comme c’est une exigence, on ne peut qu’exécuter », a déclaré Imam Alioune Moussa Samb. Il appelle les musulmans à venir faire la prière ce vendredi à la Grande Mosquée de Dakar.
De son côté, le Khalife General des Tidianes a invité toutes les mosquées et tous les fidèles au respect des mesures de prévention et de restrictions mises en place par le gouvernement du Sénégal.
Le Sénégal a déclaré 38 cas, un nombre élevé pour l’Afrique subsaharienne, mais aucun décès.
Sans aller jusqu’à imposer le confinement, le gouvernement a pris des mesures fortes : suspension des liaisons aériennes avec une série de pays, interdiction des manifestations publiques, fermeture des écoles… Des centres destinés à accueillir un afflux de malades sont en préparation, notamment à Touba (Centre), siège de l’influente confrérie des mourides, où une vingtaine de cas de Covid-19 a été recensée.
Source : agences et médias sénégalais