Pourquoi la Tunisie est devenue comme ça ?

L’animatrice de l’émission Forum qui passe tous les jours sur les ondes de Mosaïque fm. et le consultant de cette émission sont en train de poser des questions tout à fait légitimes : pourquoi les responsables politiques de ces dix dernières années ne sont pas à la hauteur de nos attentes et de nos ambitions ? Pourquoi n’y a-t-il plus chez nous une élite politique digne de ce nom ? Pourquoi le pays est devenu méconnaissable ?

Depuis 2011, les Tunisiens soutiennent et votent pour des gens qui leur ressemblent, des gens qui représentent une Tunisie en colère et totalement aigrie, une Tunisie porteuse d’une haine latente qui n’attendait que la chute de la dictature pour se révéler au grand jour et s’épanouir. C’est une Tunisie rancunière et vindicative qui tente de châtier et d’humilier les gens sur lesquelles elle rejette la responsabilité de tous ses malheurs.

Les « intellectuels tunisiens » n’ont toujours pas compris que la Tunisie a changé de paradigme . La Tunisie d’aujourd’hui ne respecte plus les Tunisiens qu’on admirait hier, ceux à qui on voulait ressembler, à savoir les vieilles familles citadines, les Tunisiens cultivés et francophones, les gens qui agissent avec tact et courtoisie…

Même si elle fait semblant de l’être, la Tunisie d’aujourd’hui n’est pas très imprégnée des vertus traditionnelles, telles que la méritocratie, l’honnêteté dans les situations les plus courantes de la vie quotidienne, le respect des aînés, la politesse à l’égard des femmes et la liste des vertus est encore longue.

À ces vertus qui peuvent lui paraître ringardes et superflues, voire incompréhensibles pour la Tunisie d’aujourd’hui, du fait de ses origines tribales et bédouines, du fait qu’elle soit majoritairement issue de l’exode rural des dernières décennies, de nouvelles valeurs se sont substituées à celles de la bourgeoisie citadine et traditionnelle : bigoterie inspirée d’un certain extrémisme religieux provenant du Machrek et de la péninsule arabique, machisme brutal, exaltation d’une virilité caricaturale, culte de l’argent, bêtise et frérisme , célébrité à tout prix…

En réalité, nous sommes à la croisée des chemins. Tout n’est peut-être pas perdu. Mais si la Tunisie éclairée et belle ne se réveille pas et ne se greffe pas une paire de couilles, elle risque fort de devenir un vieux souvenir jauni, si ce n’est « ci dija » le cas.

Pierrot LeFou