Pour l’enseignement du français “mais” en caractères arabes !

Ces intellectuels du “mais” m’écœurent. Intellectuellement parlant, les gens du “mais” me rebutent. Ceux qui parlent à la manière suivante : “Oui j’adhère à… (blabla blabla) ‘mais’ (baratin baratin) !”
L’intellectuel du “mais” tient le bâton par le milieu ! Celui qui cherche le milieu n’est qu’un opportuniste. Afin d’être respecté, il faut avoir le courage de choisir son camp, et en toute transparence. S’assoir entre deux chaises est inconfortable pour les fesses et honteux pour le moral. L’intellectuel du “mais” cherche, en permanence, comment justifier l’injustifiable, par son “mais”. Il mange avec le loup et pleure avec le berger.
L’audace est la spécificité majeure de l’intellectuel crédible. L’audace doit être assise sur le savoir, dans la réflexion et dans le respect. Le sens de la critique est l’identité même de l’intellectuel intègre. Certes, l’intellectuel n’est pas un prophète dans le sens religieux du mot. Il l’est dans le sens historique et politique. Il est le témoin et le visionnaire de son temps, de sa société et de lui-même.
Les intellectuels du “mais” sont partout : dans la littérature, à l’université, dans les radios, sur les plateaux des télévision, dans les partis politiques de la droite, de la gauche ou de l’islamisme, dans les mosquées, dans les bars, dans les stades, dans les ministères… Ils essaient d’entraver le cours de l’Histoire par leur “mais” baveux.
Ils sont les nouveaux “béni-oui-oui” de la culture. Le matin ils sont nationalistes, l’après-midi islamistes et le soir laïcs.
Le “mais” maudit de ces intellectuels tente de faire noyer le poisson d’avril dans l’eau de leur discours écumeux.
Voici quelques exemples clichés des discours les plus récurrents chez intellectuels béni-oui-oui :
– Je suis contre l’islamisme, “mais” ils ont droit de combattre, par tous les moyens, l’islamophobie répandue en Occident.
– Je suis contre Daech, “mais” l’idée des nouvelles foutouhat islamiya portée par Daech est un droit et une recommandation religieuse divine.
– Je suis contre la haine religieuse, “mais” il ne faut pas oublier que les juifs occupent la Palestine.
– Je suis contre l’antisémitisme, “mais” les juifs sont devenus les maîtres des grandes banques, ils commandent les poids lourds des médias internationaux influents.
– Je suis pour la liberté de confession, “mais” il ne faut pas oublier que l’islam est la dernière religion révélée du Ciel, la seule religion admise par Dieu, les autres sont de l’hérésie.
– Je suis contre les crimes commis par Daech dans la ville de Raqqah, en Syrie, “mais” les homosexuels ont envahi la planète. Ils sont partout !
– Je suis contre cet islamiste tchétchène qui a décapité l’enseignant français Samuel Paty, “mais” ce dernier n’avait pas le droit d’enseigner ce blasphème ou cette hétérodoxie à ses élèves musulmans, même si c’est un cours sur “la liberté d’expression”.
– Je suis contre tous les pays arabes et musulmans qui ont normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël, “mais” la Turquie du parti des frères musulmans d’Erdogan est un cas spécial et toléré !
– Je suis contre l’idéologie machiste et misogyne en Algérie, “mais” nous constatons que la femme algérienne musulmane a dépassé de loin toutes les frontières permises, a franchi toutes les lignes rouges !
– Je suis contre le féminicide, “mais” ce sont les associations féministes extrémistes qui font beaucoup de bruit autour de quelques faits divers isolés, quelques femmes tuées ! En terre d’islam, l’honneur est défendable par tous les moyens, y compris par le sang.
– Je soutiens l’égalité homme-femme, “mais” je suis convaincu que le monde sera beau et juste le jour où la femme retournera à sa maison pour s’occuper de ses enfants, de sa cuisine et de sa lingerie.
– Je suis contre le racisme, “mais” je n’accepterai jamais de voir ma fille, ma sœur, ma cousine ou ma tante mariée à un Noir. Je préfère la tuer que de la donner en épouse à un Noir.
– Nous les Algériens, nous sommes tous des amazighs, “mais” la culture amazighe relève du folklore et la langue amazighe n’est qu’un dialecte.
– Je suis avec l’enseignement de tamazight, “mais” cela va perturber la langue arabe. En réalité, l’enseignement de cette langue ne sert à rien, c’est un complot de la France contre notre pays.
– Je suis avec la pluralité linguistique en Algérie, j’aime les écrits de Malek Haddad, “mais” je suis contre la langue française, langue du colonisateur.
– Je suis pour l’enseignement de la langue française, “mais” en caractères arabes !
Un carnaval d’hypocrisie intellectuelle.

Amin Zaoui