Mort de Béchir Ben Yahmed : On ne demande pas aux cochons de savourer la bonne cuisine.

Béchir Ben Yahmed

L’Elysée vient de publier un bel hommage à feu Béchir Ben Yahmed dans lequel Emmanuel Macron salue « un homme de presse et de conviction qui a accompagné et éclairé les indépendances africaines ». Même les pays d’Afrique subsaharienne, notamment la Côte d’Ivoire à travers la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne, ont consacré de très belles émissions à B. B. Y.

En Tunisie, on fait comme si ce monsieur n’avait jamais existé. Il faut les comprendre, les Tunisiens, ils sont absorbés par les productions ramadanesques au ras des pâquerettes et réalisées par des débiles pour les débiles, mais aussi par jben el boundouqiya, la Haval هاش 6, les pétasses vénales qui peuplent les plateaux de télévision et les bisbilles qui opposent Mister Parkinson du Bardo à Mister Asperger de Carthage.

En réalité, il s’agit d’ignorance (les Tunisiens qui lisaient régulièrement les éditoriaux de B. B. Y. ne sont pas aussi nombreux qu’on peut le croire), d’ingratitude et, surtout et avant toutes choses, de reniement. Jamais un peuple n’est allé aussi loin dans le reniement de ses élites francophones. Béchir Ben Yahmed subira le même sort que le regretté Abdelwahab Meddeb, un homme qui fascinait les plus beaux esprits de France, dont les obsèques se sont déroulées au cimetière du Djellaz dans l’indifférence la plus totale.

Il faut comprendre que le profil de ces grandes figures qui sont en train de disparaître les unes après les autres est haï par les nouveaux maîtres du pays, lesquels sont profondément conservateurs, identitaires et ont toujours eu les yeux rivés sur le Proche-Orient et les pays du Golfe. Et ce n’est pas l’ochlocratie dans laquelle nous vivons actuellement qui va apprécier des types comme Béchir Ben Yahmed et Abdelwahab Meddeb à leur juste valeur. On ne demande pas aux cochons de savourer la bonne cuisine.

Pierrot LeFou