Montherlant, homme libre

Henry de Montherlant est un de mes écrivains préférés. Il est né le 20 avril 1895. A vrai dire, je l’ai découvert sur le tard, mais j’en suis devenu un inconditionnel. Il fait partie des grands écrivains que l’on n’étudie pas au lycée. En effet, son oeuvre n’est pas dans l’air du temps et ses idées sont considérées comme désuètes, voire dangereuses, car trop « fachos » et « misos ».

J’ai beaucoup apprécié ses premiers romans autobiographiques, tels que Le Songe dans lequel il retrace sa jeunesse catholique et son expérience de la guerre 14-18 et Les Olympiques (mon premier Montherlant) que j’avais emprunté à la médiathèque Charles de Gaulle de l’avenue de Paris et dans lequel il décrit formidablement bien son existence partagée entre la pratique du sport et la création littéraire. Il livre aussi des analyses psychologiques très dures dans Les jeunes filles, un roman dans lequel il fustige la « morale de midinette ».

Il fait partie de ces écrivains qui sont très à droite, mais qui ne sont pas pour autant conservateurs. Ils sont plutôt contestataires et ne font pas l’apologie des valeurs de la droite traditionnelle, telles que celles de l’Eglise, de l’armée, du patriotisme, de la famille, du mariage, de la fidélité… Au contraire, ils les mettent à mal de façon cynique.

L’engagement politique de Montherlant et des écrivains appartenant au même courant littéraire que lui m’a toujours fasciné. Ils sont allés jusqu’au bout de leur engagement, sans fard, sans triche, et n’ont pas cherché à retourner leur veste, à trouver des accommodements et à être absous après la défaite de leur camp. Ils incarnent, pour moi, une certaine idée de la virilité.

Et, last but not least, le style de Montherlant m’a toujours fasciné. Il écrit dans une langue châtiée, rigoureuse et noble.

Le 21 septembre 1972, Montherlant écrit : « Je deviens aveugle, je me tue. » Il se tire une balle de revolver dans la bouche.

Pierrot LeFou