Le raï algérien reconnu par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité

Le raï, chant populaire d’Algérie, qui a connu une renommée mondiale dans les années 90 grâce à des vedettes comme Cheb Khaled, a été inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco.

Né dans la région d’Oran, en Algérie, le raï algérien, ou plutôt « la tradition entourant ce genre musical » est entré, jeudi 1er décembre , au patrimoine immatériel de l’humanité. Car afin d’éviter les controverses, l’Unesco honore avant tout des traditions, des pratiques et des savoir-faire à sauvegarder.

Le raï algérien reconnu au patrimoine immatériel de l’humanité : l’annonce a été faite ce jeudi , sur le compte Twitter de l’Unesco.

Apparu dans les années 30, le raï, qui signifie littéralement « avis » ou « opinion », est un genre musical avant tout populaire qui parle d’amour, d’interdits… La version traditionnelle faisant sonner les percussions comme le derbouka ou encore le bendir, a été remise aux goûts du jour dans les années 80 par un certain Cheb Khaled. Les synthétiseurs deviennent alors un ingrédient incontournable.

En 1998, Khaled s’associe à Faudel et Rachid Taha pour un concert unique le 26 septembre 1998 à Bercy : 1, 2, 3 Soleils. Raï, rock, chaabi… les artistes reprennent des classiques de la culture algérienne en lui donnant un nouveau souffle.

En 2022, DJ Snake a mis un nouveau coup de projecteur sur le raï en sortant « Disco Maghreb », un succès planétaire. « Le raï, c’est la fête, c’est la joie, c’est parfois la nostalgie, c’est la liberté. Si tu écoutes le raï, ça te fait bouger le cerveau, le corps et l’esprit », expliquait en 2016 Rachid Taha, décédé le 12 septembre 2018, au micro de RTL. « Jusque dans les années 80, le raï était interdit dans les radios ou les télévisions algériennes, poursuivait-il. On disait que c’était trop cru, parce qu’on osait parler de sexe. »

Après un premier festival raï à Oran en 1985, ce genre musical débarque en France à l’occasion d’un festival à Bobigny, en région parisienne, en janvier 1986.

Avec ce festival, le public français découvre aussi la voix de Cheb Mami, qui, aux côtés de Cheb Khaled ou de Cheikha Rimitti, deviendront par la suite des stars mondiales.

En quelques années, le raï élargit son public, intéresse les grandes maisons de disques. Cheb Khaled devient le premier maghrébin à entrer au Top 50 au début des années 90 avec son tube « Didi ».

Durant la décennie noire (1992-2002), plusieurs chanteurs de raï ont été assassinés dont le plus célèbre d’entre-eux, Cheb Hasni, considéré comme le roi du « raïsentimental », tué à Oran en septembre 1994 à Oran par des islamistes armés.

Au cours des années 2000, le raï a peu à peu disparu des grands plateaux de télévision et retrouvé son public confidentiel des débuts.

Il a été victime aussi de sorties de routes, comme la condamnation de Cheb Mami pour violences envers son ex-compagne, et de la montée en puissance des musiques urbaines (rap et Rythm’n’Blues).

Le raï a été remis au goût du jour cet été par le succès phénoménal du dernier titre de la star planétaire franco-algérienne, DJ Snake, « Disco Maghreb », du nom de l’emblématique maison de disques oranaise, à laquelle le titre de la chanson rend hommage.