Il m’arrive souvent de regarder un grand classique du cinéma pendant les weekends. Hier, par exemple, j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder pour la énième fois le Kid de Charlie Chaplin. Tout le monde connaît l’histoire de ce film. Ce dernier a été disséqué des millions de fois, il est analysé en long, en large et en travers depuis près d’un siècle, mais il est nécessaire de revenir aux fondamentaux afin que tous ceux qui n’ont pas eu le bonheur de le voir puissent savourer cette œuvre de génie.
Le Kid de Charlie Chaplin
Une jeune mère en détresse, désemparée par la naissance de son enfant décide de l’abandonner sur la banquette arrière d’une voiture luxueuse. Cette dernière est volée par deux voyous et le nouveau-né se retrouve abandonné parmi les ordures dans un quartier misérable. Charlie, un vagabond sans le sou, découvre le bébé et, après maintes hésitations, décide de l’adopter et de l’élever à sa manière.
Cinq ans plus tard, on retrouve Charlie exerçant son métier de vitrier avec la complicité du Kid qui exerce consciencieusement son rôle de casseur de vitre. La jeune femme, devenue une riche cantatrice, ne s’est toujours pas remise du traumatisme et tente de se racheter une conscience en offrant des jouets aux enfants des quartiers pauvres. Elle est à la recherche de son enfant. L’assistance publique tente d’enlever le kid à son père adoptif.
Le Kid, bien que qu’il ne dure qu’une heure, est le premier long-métrage de Charlie Chaplin, il est partiellement autobiographique. En effet, Charlie Chaplin n’est pas un enfant abandonné, mais la dureté de la vie du Kid rappelle celle qu’a connue Chaplin dans son enfance. Ce film est une critique incisive d’une Amérique impitoyable avec les pauvres, sans avenir pour les déshérités.
Même si ce film offre de nombreux gags et des scènes comiques devenues mythiques, il demeure avant toutes choses une fresque désenchantée d’une Amérique dépourvue de bonheur. Les personnages dépeints par Charlie Chaplin laissent plus d’amertume que de la gaieté : le vagabond languissant dans la misère la plus affreuse et à qui on essaye de retirer son seul bonheur (l’enfant qu’il a adopté), la jeune mère abandonnée par son homme, contrainte de se débarrasser de son enfant et condamnée à une existence torturée, des voisins qui souffrent de pauvreté…
Le Kid est un film rempli d’émotion et n’a pas pris une ride. Il mérite d’être vu (ou revu) rien que pour ces scènes mythiques, notamment celle où les fonctionnaires de l’assistance publique tente d’arracher l’enfant des mains de son père adoptif (voir photo ci-dessus) et celle au cours de laquelle Charlie, épuisé et découragé par ses tentatives infructueuses pour retrouver son gosse, s’endort pour aller le retrouver dans son rêve.
Pierrot LeFou