Après une chronique sur les ondes de la radio privée IFM jeudi 28 décembre 2023, le journaliste tunisien Zied El Heni a été arrêté et placé en détention. Ce samedi 30 décembre, le Parquet du Tunis a décidé de prolonger sa garde à vue de 48 heures. La Fédération internationale des journalistes se joint à son affilié, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), pour exiger sa libération immédiate et sans condition.
Depuis plusieurs mois, le journaliste tunisien Zied El Heni est soumis à un harcèlement constant du pouvoir en Tunisie. Une nouvelle fois, il se retrouve derrière les barreaux en raison de déclarations faites jeudi 28 décembre 2023 sur IFM, une radio privée tunisienne. Durant cette émission, Zied El Heni a vivement critiqué la ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rejeb, appelant à son remplacement en raison de son incompétence. Quelques heures plus tard, il a été placé en garde à vue, poursuivi pour atteinte à la personne de la ministre, en vertu de l’article 24 du décret 54, un texte répressif bafouant la liberté d’expression en Tunisie. Ce décret est régulièrement utilisé pour museler les journalistes et les opposants au Président de la République, Kais Saied. Sa détention a été prolongée de 48 heures ce samedi 30 décembre 2023 par le parquet du Tribunal de première instance de Tunis.
« Je condamne la décision de maintenir en détention Zied El-Hani, a déclaré Zied Dabbar, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), et je considère qu’il s’agit d’un abus de pouvoir du ministère public car, conformément à la loi, une arrestation ne peut avoir lieu qu’après une plainte déposée par la ministre elle-même, la principale intéressée dans cette affaire. Dès lors, le SNJT considère la décision du Parquet comme une violation du droit à la liberté d’expression et de la liberté de presse et de publication. Nous exigeons sa libération immédiate et l’abandon de toutes les charges à son encontre. »
« Une fois encore, le pouvoir tunisien s’en prend aux journalistes, a ajouté Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ. Le décret 54 est utilisé pour faire taire les journalistes et les opposants au Président tunisien. Les poursuites répétées et systématiques contre notre confrère Zied El-Hani sont inacceptables et elles ne visent qu’à museler sa voix critique, très écoutée. La FIJ demande au ministère public de libérer sans délai et sans condition Zied El-Hani et l’enjoint à respecter le droit d’informer et le droit d’être informé. »
Cette arrestation fait suite à celle de juin 2023, également liée à ses chroniques à la radio. Bien que sa détention précédente n’ait duré que 48 heures en raison des pressions internationales, Zied El-Hani encourt aujourd’hui une peine de prison qui peut aller jusqu’à dix ans, conformément aux dispositions du liberticide décret 54.
Source ! Fédération internationale des journalistes