Jean de La Fontaine accède à l’immortalité et ses vers deviennent des proverbes

Jean de La Fontaine est mort un 13 avril. « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » disait-il. Il faut savoir qu’il ne se promenait pas dans les forêts pour observer le monde animal et s’en servir après pour écrire ses fables. La Fontaine était un haut fonctionnaire de l’administration royale grâce à sa charge de « maître des Eaux et Forêts ». Comme il exerçait des responsabilités guère prenantes et intellectuellement peu épanouissantes, il lisait et gagnait régulièrement Paris pour promouvoir ses créations littéraires dans les salons à la mode.

La Fontaine n’a inventé quasiment aucun des récits qu’il met en scène dans ses fables. En effet, il les emprunte au fabuliste grec Ésope, à l’apologiste Phèdre, au poète latin Horace, au poète indien Pilpay, à la sagesse hindoue, aux fabliaux du Moyen Âge… Mais tout son génie tient dans son écriture. La Fontaine apparaît comme épris de perfection et fort habile. Son public se délecte par la variété de la langue qu’il emploie et la virtuosité de ses courtes pièces en vers et en rimes qui contiennent des vérités humaines universelles.

La Fontaine publie aussi des contes licencieux qui suscitent le courroux des dévots. Malgré leur interdiction, ils continuent à circuler sous le manteau. La Fontaine vivra grâce à ses protectrices, la duchesse d’Orléans, grâce à laquelle il connaît un éclatant succès avec ses gracieux et licencieux Contes et Nouvelles (des sujets empruntés à Boccace et l’Arioste), puis se met sous la protection de madame de la Sablière.

La favorite du roi Louis XIV, Madame de Montespan, « la plus belle femme au monde, maîtresse du plus grand des rois » comme l’écrit si bien La Fontaine en habile courtisan, est également séduite par son génie littéraire. Ainsi, la marquise au goût délicat, considérée comme la protectrice des arts et des lettres – elle a également soutenu Lully pour la musique et Molière pour le théâtre -, lui permet de fréquenter la cour où sa distraction devient une légende.

Jean de La Fontaine devient moins épris de liberté au crépuscule de sa vie, il dote ses dernières fables de réflexions philosophiques et s’adonne à la traduction de psaumes et d’hymnes. Il meurt à Paris, le 13 avril 1695. Ses fables et sa morale épicurienne fondée sur une vision pessimiste de la réalité accèdent à l’immortalité et ses vers deviennent des proverbes :

« Il était expérimenté,
Et savait que la méfiance
Est mère de la sûreté. »

– Le Chat et le vieux Rat

« Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant. »

– La Cigale et la Fourmi

« Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute. »

– Le Corbeau et le Renard

« Garde-toi tant que tu vivras
De juger des gens sur la mine. »

– Le Cochet, le Chat et le Souriceau

« La raison du plus fort est toujours la meilleure. »

– Le Loup et l’Agneau

« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir. »

– Les Animaux malades de la peste

« Qu’un ami véritable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même.
Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand il s’agit de ce qu’il aime. »

– Les Deux Amis

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »

– Le Lièvre et la Tortue

« Amour, Amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : Adieu prudence. »

– Le Lion amoureux

« Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage. »

– Le Lion et le Rat

« En toute chose il faut considérer la fin. »

– Le Renard et le Bouc

Par Pierrot LeFou