Hédi Zaïem ferait mieux de regarder la poutre qui est dans son œil

Tout à l’heure, je suis tombé sur Nermine Sfar en écoutant Mosaïque FM. Elle était au bord des larmes et en train de se confondre en excuses. Quelqu’un l’a prise en photo à partir d’un arrêt sur image, hier soir, tandis qu’elle s’affalait sur son canapé après l’exécution de quelques pas de danse orientale devant la caméra de son ordinateur. Comme elle portait une jupe très courte, certains branleurs n’ont pas hésité à zoomer sur sa partie intime pour que l’on puisse entrevoir un bout de tissu de son slip. L’animateur de l’émission, Hédi Zaïem, l’intimait de présenter ses excuses au peuple tunisien comme si elle avait commis le plus grand de tous les crimes. Ce n’est plus du conservatisme, mais de la folie.

Dès que je tends l’oreille à ce que dit cet animateur, je me rends compte qu’il est difficile de faire plus faux-cul que lui. Quel hypocrite ! Hédi Zaïem a tout d’un esprit léger et superficiel, ses questions sont toujours fallacieuses et chaque mot qu’il prononce suinte la fourberie. Son modus operandi est tout ce qu’il y a de plus simple : pour bien troubler ses invités, il les met constamment en porte-à-faux avec la doxa et les conventions sociales, notamment ceux en qui il décèle des velléités de rompre avec le conformisme ambiant. Comme ses invités sont dotés d’un bagage intellectuel limité et redoutent de voir leur carrière compromise, ils ploient l’échine en deux temps trois mouvements et finissent par adapter leur discours au moule très étroit du conformisme intellectuel.

Hédi Zaïem invite souvent sur son plateau des Tunisiens plus ou moins émancipés, des gens qui se sont débarrassés du poids des traditions et libérés des corsets du conservatisme, pour les jeter en pâture à une populace prompte à dénigrer quiconque affiche des mœurs différentes des siennes. Il n’est pas facile de revendiquer sa différence dans un pays composé majoritairement de personnes névrosées, schizophrènes et intellectuellement déficientes. En fait, Hédi Zaïem est parfaitement conscient que la Tunisie est marquée par des contrastes très accentués. Il sait pertinemment que des Tunisiens très modernes vivent côte à côté avec d’autres Tunisiens à la mentalité moyenâgeuse. Et cet antagonisme est un peu la matrice sur laquelle il élabore ses questions.

Il attend que les gens crient au scandale pour inviter celui qui s’est écarté du droit chemin et jouer à la vierge effarouchée. Au cours de l’interview, il prend un malin plaisir à se livrer aux accusations inquisitrices et à s’adonner à un discours qui dégouline de morale et à toutes sortes de mièvreries dont raffole la populace. Ainsi, en s’érigeant en défenseur de la morale et des bonnes mœurs, Hédi Zaïem s’accapare le beau rôle auprès de son public et assure à son émission une large audience en l’entourant de tabous sociaux et en l’enveloppant d’un parfum de lubricité ; le tout sans jamais s’exposer au courroux de la plèbe. Il va falloir qu’un jour une personne dévoile en direct l’homosexualité de ce connard. Il le niera à coup sûr, mais la suspicion sera bien installée dans les esprits. Ce jour-là, on fera comme lui : on rira jaune.

Pierrot LeFou