Etats-Unis : Trump suspend les demandes de visas pour les étudiants étrangers

Washington a demandé mardi à ses ambassades et consulats de suspendre le traitement des visas pour les étudiants étrangers, dans le but de renforcer l’examen de leurs réseaux sociaux.

Plus de rendez-vous jusqu’à nouvel ordre. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a ordonné mardi 27 mai la suspension du traitement des visas pour les étudiants étrangers, alors que l’administration du président Donald Trump veut passer au crible leurs réseaux sociaux, en plein renforcement de son offensive visant Harvard.

Dernière mesure en date contre la prestigieuse université qui a formé les lauréats de 162 prix Nobel : la Maison Blanche a indiqué vouloir mettre fin à tous les contrats passés avec Harvard.

Dans un document interne vu par l’AFP, le département d’État demande désormais aux ambassades et aux consulats de ne pas autoriser de « rendez-vous pour de nouveaux visas étudiants ou de programmes d’échange », en attendant la publication de « directives sur l’examen approfondi des réseaux sociaux pour toutes les demandes de ce type ».

La suspension pourrait être brève, selon le document, qui indique que les ambassades recevraient de nouvelles directives « dans les prochains jours ».

« L’objectif, comme l’ont déclaré le président et le secrétaire d’État (Marco) Rubio, est de s’assurer que les personnes qui sont ici comprennent ce qu’est la loi, qu’elles n’ont pas d’intentions criminelles », a justifié la porte-parole du secrétaire d’État américain, Tammy Bruce.

Aux États-Unis, des centaines d’étudiants étrangers ont vu leurs visas supprimés, tandis que des étudiants en situation régulière sur le sol américain ayant participé à des manifestations propalestiniennes ont été arrêtés et menacés d’expulsion.

Concernant Harvard, le président américain veut lui interdire de recevoir des étudiants étrangers, qui représentent 27 % du total de ses effectifs. Un juge fédéral a toutefois suspendu le retrait de sa certification Sevis (Student and Exchange Visitor) décidée par l’administration, alors qu’une audience sur la question est prévue jeudi, jour de remise des diplômes.

Manifestation à Harvard

Malgré ce répit, des étudiants américains comme étrangers ont fait part de leur inquiétude mardi lors d’une manifestation devant l’établissement, lançant des appels à « laisser rester » les étudiants étrangers. « Tous mes amis et camarades internationaux, professeurs et chercheurs sont en danger et menacés d’expulsion, ou leur option est de changer » d’université, affirme Alice Goyer, en toge noire.

Les étudiants étrangers « qui sont là ne savent pas où ils en sont, ceux à l’étranger ne savent pas s’ils pourront revenir… Je ne sais pas si je ferai mon doctorat ici », ajoute Jack, un étudiant britannique qui ne donne que son prénom.

En attendant, Hong Kong et le Japon ont déjà dit vouloir ouvrir les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui seraient obliger de renoncer à aller à Harvard. « Nous avons demandé aux universités (japonaises) d’envisager des mesures de soutien possibles, telles que l’accueil d’étudiants étrangers inscrits dans des universités américaines », a déclaré mardi la ministre japonaise de l’Éducation, Toshiko Abe, tandis que les universités de Tokyo et Kyoto ont indiqué envisager d’en prendre certains.

L’exécutif américain accuse l’institution située à Cambridge dans le Massachusetts de laisser prospérer l’antisémitisme sur son campus et de propager des idéologies progressistes, dites « wokes ». Ce terme est utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour désigner des politiques de promotion de la diversité ainsi que des courants de recherche universitaire sur le genre ou les discriminations raciales.

Le gouvernement fédéral a déjà supprimé plus de deux milliards de dollars de subventions pour l’université, ce qui a mis un coup d’arrêt à certains programmes de recherche. Selon les médias américains, les contrats passés par le gouvernement avec Harvard, dans le collimateur de la Maison Blanche, représentent 100 millions de dollars.

Avec agences 

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