Bébel le Magnifique

La chaîne C8 a diffusé, ce soir, Le Magnifique. Regarder un film de Jean-Paul Belmondo a toujours été pour moi un moment de pur bonheur. Fruit de la collaboration entre Philippe de Broca et Francis Veber – Jean-Paul Rappeneau sera appelé à la rescousse pour enrichir le script et à la suite du différend qui a eu lieu entre le réalisateur et le scénariste -, Le Magnifique est devenu un film culte du cinéma populaire. Philippe de Broca retrouve la verve de « L’homme de Rio », un autre film culte avec Jean-Paul Belmondo sorti dix ans plus tôt.

Le Magnifique est l’histoire de François Merlin, un écrivain très prolifique et scandaleusement exploité par son éditeur, Georges Charron (Vittorio Caprioli) ; un homme hédoniste, mais tyrannique et cynique. François Merlin est reclus dans son vieil appartement parisien. Il est planté du matin au soir devant sa machine à écrire pour pondre des romans de gare à un rythme vertigineux. L’œil las et blasé, il regarde passer le train-train cahotant de sa vie monotone derrière la fumée épaisse de sa cigarette toujours pendante au coin des lèvres. Il est timidement amoureux de sa voisine Christine, une étudiante en lettres françaises, belle comme une déesse, interprétée par Jacqueline Bisset, qui s’intéresse à ses livres.

L’itinéraire de ses personnages lui offre des échappées rocambolesques et de délicieux moments d’évasion. Dans ses romans, François Merlin décrit les aventures de Bob Saint-Clar, un espion qu’il a créé et sur lequel il projette tous ses fantasmes. Bob Saint-Clar, est en quelque sorte, un mélange de James Bond, de Marko Linge (le protagoniste principal des 200 romans de la série SAS créée par Gérard de Villiers) et de San Antonio (le héros des romans policiers de Frédéric Dard). Le double cannibale de François Merlin est un aimant à femmes, un séducteur au regard de braise et aux abdos d’acier, un héros badin et indestructible qui ne tombe jamais sous les balles des mitraillettes qui sifflent de tous les côtés.

Le Magnifique est un savoureux pastiche qui multiplie les gags les plus délirants et les réparties exquises dans un joyeux bordel absolument jouissif. Belmondo, en forme olympique, s’en donne à cœur joie dans ce film et les péripéties évoluent au gré des humeurs de François Merlin qui, derrière son apparente bonhomie, se cache un écrivain fatigué d’enchaîner les romans de gare au lieu de s’atteler à une œuvre plus intime et profonde.

Bref, un film magnifique !

Pierrot LeFou