BAC Nord est un film impressionnant. C’est un polar tiré d’une histoire vraie, au scénario bien construit et profondément ancré dans la réalité sociale et politique française. C’est un film immersif, extrêmement bien filmé – il est réalisé de façon efficace et nerveuse, qui tient en haleine le téléspectateur du début à la fin.
Contrairement à ce qui est largement diffusé, BAC Nord n’est pas un film pro-flics. Le trio de brigadiers magnifiquement incarné par Gilles Lellouche (Grégory Cerva), François Civil (Antoine) et Karim Leklou (Yassine) n’y sont pas des surhommes parés de toutes les vertus comme on le voit souvent dans le cinéma américain et les délinquants n’y sont pas présentés comme des éternelles victimes
Il montre les humiliations que subissent au quotidien les policiers français qui, lâchés par une hiérarchie frileuse et soumise à des politiques qui n’obéissent qu’à leurs intérêts étroits et mesquins, n’arrivent plus à lutter contre les caïds de la drogue dans les banlieues. En effet, BAC Nord montre que les politiques veulent faire du chiffre sans faire de vague et que le sommet de la hiérarchie policière, mains liées et redoutant l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de sa tête, se contente de produire de vains efforts pour contrecarrer les plans des dealers. Une situation qui conforte les petits mafieux et qui renforce leur sentiment d’impunité.
Dans une France gangrenée par la bien-pensance et les nouvelles idéologies et qui se laisse violer tous les jours au nom de l’Etat de droit, cette situation chaotique apparaît comme un horizon indépassable. BAC Nord montre combien il est difficile, dans un pays comme la France, de lutter contre le trafic de drogue sans recourir à des pratiques illégales et sans faire la guerre aux caïds des banlieues en se servant de leurs propres armes. D’ailleurs, dans ce film, les pratiques illégales auxquelles recourent les trois policiers de la Brigade Anti-Criminalité sont mises dans leur contexte.
C’est un film sur l’incapacité de la police française à lutter contre les caïds de la drogue qui font la loi dans certains quartiers de France. BAC Nord est d’un redoutable réalisme, il rompt avec la culture de l’excuse et de l’autoflagellation. L’expression popularisée ces dernières années par Georges Bensoussan, à savoir les territoires perdus de la république , ou encore zones de non-droit , prennent tout leur sens après le visionnage de ce film. On en sort bouleversé.
Ce film dérange plus d’un en France. En effet, il est attaqué par une presse de gauche dogmatique, bien-pensante et qui lui taille des croupières depuis sa sortie dans les salles. Car, dans un pays comme la France, pour être dans l’air du temps, il faut cracher à la gueule des flics et crier ACAB à tue-tête pour ne se faire traiter de fasciste.
A voir absolument !
Pierrot LeFou