Aux chiottes Taoufik Ben Brick et sa « langue du Coran » !

Taoufik Ben Brick vient d’être jeté au cachot. Il a été condamné à une peine de prison ferme pour une déclaration médiatique avec exécution immédiate. Ben Ali en a rêvé, les magistrats de l’ « ère révolutionnaire » l’ont fait. Bien fait pour sa gueule !

En réalité, j’ai défendu Taoufik Ben Brick pendant de longues années, depuis le temps où il sirotait son capucin à petites gorgées, au café Del Capo à El Manar II, grillant cigarette sur cigarette, consumant ainsi le temps avec l’insouciance qu’on lui connait et sous le regard stupéfait de la flicaille de la sûreté de l’Etat.

Après la chute de Ben Ali, le dictateur ignare à qui il doit sa notoriété et qui justifiait sa présence dans les médias, Ben Brick s’est retrouvé orphelin et était devenu inutile. Les coincés du derrière n’ont jamais blairé Taoufik Ben Brick. Ils n’arrivaient pas à se faire à l’idée que ce personnage loufoque passe à la télé.

J’aimais bien le côté libertaire de Taoufik Ben Brick, il rompait avec le conformisme ambiant et agaçait notre pseudo-intelligentsia, notre soi-disant élite éclairée. Mais la perte des illusions le concernant ne date pas d’aujourd’hui. En effet, les gens doivent savoir que Ben Ali l’a bien cajolé à la fin de son règne, il lui a même offert un bel appartement dans le quartier cossu d’Ennasr.

Je suis tombé de haut le jour où j’ai appris cette nouvelle. Ainsi, le soutien qu’il avait apporté à Qalb Tounès et à la candidature de Nabil Karoui aux dernières élections législatives et présidentielles ne m’a pas surpris outre mesure puisqu’il s’agit d’un type qui bouffe à tous les râteliers, tout en se faisant passer pour le Zapata de Jérissa.

En outre, dans les dernières émissions auxquelles il a participé, T. B. B. a marqué son adhésion toute fraîche à la doxa sociale et à la bien-pensance. Je comprends qu’il veuille s’attirer les faveurs du grand public pour vendre sa salade, ses livres rédigés en dialecte tunisien, mais cela ne légitime pas son insipide adhésion au politiquement correct. Pour sauver la face et paraître encore un tantinet irrévérencieux, il nous sort, de temps à autre, ses termes de prédilection, des mots d’enfants attardés et turbulents : merde, pipi, caca, etc.

Je dois tout de même vous avouer que son reniement de la langue française est la chose qui m’a le plus choqué. Au lieu de la revendiquer haut et fort et de prôner sa réhabilitation, il parle d’elle désormais en termes réducteurs, en termes qui ne répondent pas à son mérite et qui frisent l’injure : « J’ai été contraint de rédiger en français pour pouvoir manger » l’ai-je entendu dire un jour.

Ainsi, la langue française est devenue pour cet ingrat boursouflé une « langue alimentaire ». Qui plus est, pour bien montrer son attachement à l’arabité, T. B. B. ne manque pas de porter au pinacle la langue arabe : « C’est la langue du Coran ! » a-t-il lancé un jour non sans enthousiasme… Le comble pour un non-croyant ! J’espère pour lui que nos juges islamiteux en tiendront compte la prochaine fois et paraîtront sous un jour bien plus clément.

Taoufik Ben Brick ne veut plus provoquer et choquer les consciences, il cherche à plaire autant aux crapules BCBG qui voltigent au gré du vent qu’aux auditeurs et téléspectateurs qu’il identifie comme de potentiels clients. Taoufik Ben Brick n’est plus que l’ombre de lui-même, et cela depuis près de dix ans, et s’est aligné sur le comportement moutonnier dans l’espoir de plaire au plus grand nombre de personnes et d’écouler sa marchandise.

Réveille-toi, Taoufik, et renoue avec l’esprit rebelle ! Le vrai combat ne fait que commencer. Il est d’ordre intellectuel et culturel. Il doit se faire contre une civilisation rétrograde qui exerce dans nos contrées, depuis plusieurs siècles, une funeste et irrémédiable influence. Aux chiottes ton abjecte bienfaiteur aux mœurs crapuleuses et la langue du Coran !

Pierrot LeFou