La photographe palestinienne Fatma Hassona, morte en avril dernier dans une frappe israélienne, a été tuée dans une « attaque ciblée » israélienne à Gaza, a dénoncé ce jeudi Sepideh Farsi, la réalisatrice d’un documentaire qui lui est consacré et présenté au 78e Festival de Cannes.
Lorsqu’elle est morte, elle venait d’apprendre que le film qui lui est consacré avait été sélectionné au 78e Festival de Cannes. Jeudi 15 mai, la réalisatrice Sepideh Farsi a rendu un vibrant hommage à Fatma Hassona, lors de la première projection du documentaire « Put your Soul on your Hand and Walk », dont la photographe palestinienne est l’héroïne.
Fatma Hassona (dont le nom est également orthographié Fatima Hassouna) a été tuée, avec sept membres de sa famille, dans un frappe israélienne à Gaza le 16 avril 2025.
« Je suis à la fois heureuse et très peinée de partager ces images avec vous« , a déclaré la cinéaste, accueillie dans la salle par une longue standing ovation.
« Elle aurait dû être là, à nos côtés. Hier [mercredi] soir, on a appris que son assassinat (…) était ciblé. C’était une attaque ciblée », a-t-elle dénoncé.
La réalisatrice a expliqué avoir reçu, la veille de la première, un rapport de Forensic Architecture, une ONG basée à Londres qui enquête sur les crimes contre les journalistes, aux « conclusions accablantes ».
« Deux missiles lancés par un drone ont traversé les étages de l’immeuble et ont explosé à l’étage où vivait Fatma, puisqu’ils avaient été programmé pour ça« , a-t-elle détaillé.
L’appartement des Hassona spécifiquement visé, selon l’ONG
« La maison de Fatma Hassona a été visée par des munitions à guidage de précision (…) conçues pour exploser à des coordonnées et à un étage spécifiques », peut-on lire dans le rapport de Forensic Architecture, que France 24 a pu consulter.
« Les missiles largués par l’armée israélienne visaient spécifiquement l’appartement de la famille Hassona, à l’étage 2″ est-t-il indiqué.
Contactée par Le Monde à propos de cette frappe, l’armée israélienne avait affirmé avoir ciblé « un membre du Hamas » impliqué « dans des attaques contre des soldats et des civils israéliens », précisant « avoir pris des précautions pour éviter des victimes civiles ».
La mort de la photographe qui documentait la guerre à Gaza avait suscité de vives réactions à l’international, du fait notamment de l’annonce de la sélection du documentaire dans la section Acid, dédiée au cinéma indépendant, dans le cadre du 78e Festival de Cannes. Le documentaire a été tourné à distance, sous forme d’échanges téléphoniques entre la réalisatrice et sa protagoniste, dont elle était devenue très proche.
La jeune femme y expose sa vie suspendue par la guerre, la perte de ses proches, décimés par les frappes israéliennes, mais également ses rêves de rompre avec l’enfermement pour voyager, mais sans jamais quitter sa terre natale. Sa mort tragique a propulsé le film sur le devant de la scène médiatique.
Juliette Binoche, la présidente du jury à Cannes, lui avait rendu hommage lors de la cérémonie d’ouverture du Festival.
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