La Russie et l’Ukraine s’accordent sur un échange de prisonniers, pas sur une trêve

Réunis ce vendredi à Istanbul ( Turquie ) pour leurs premiers pourparlers de paix depuis le printemps 2022, Russes et Ukrainiens ont discuté d’une rencontre Zelensky-Poutine et se sont mis d’accord sur un échange important de prisonniers mais pas sur un cessez-le-feu, pourtant « priorité » de Kiev, ne faisant ainsi que peu de progrès vers une résolution du conflit.

Si le négociateur en chef russe Vladimir Medinski s’est dit « satisfait » et prêt « à poursuivre les contacts » avec l’Ukraine après ces discussions très attendues, la partie ukrainienne a, elle, accusé Moscou d’avoir formulé des demandes territoriales « inacceptables ».

En l’absence des présidents Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, qui a ordonné à son armée d’envahir l’Ukraine le 24 février 2022 et qui n’a pas fait le déplacement en Turquie, les espoirs de progrès substantiels étaient minces.

Les deux délégations, menées par le ministre de la Défense côté ukrainien et par un conseiller présidentiel de second plan côté russe, ont échangé pendant environ 1H40, entourées des médiateurs turcs, au palais de Dolmabahçe.

La rencontre s’est soldée sans annonce de cessez-le-feu, pourtant « la priorité » affichée par Kiev et ses alliés.

Les deux camps doivent désormais « présenter » et « détailler » leur « vision » d’une telle trêve, a affirmé le négociateur russe Vladimir Medinski lors d’une brève allocution à la presse.

– Échange « massif » de prisonniers –

Ukrainiens et Russes ont toutefois annoncé s’être mis d’accord pour un échange « massif » de prisonniers, comme l’a expliqué M. Medinski, « à raison de 1.000 contre 1.000 », et ce « dans les prochains jours ». « Un grand résultat », s’est félicité Gueorgiï Tykhy, le porte-parole de la diplomatie ukrainienne.

Le chef de la délégation ukrainienne, Roustem Oumerov et M. Medinski ont précisé que la partie ukrainienne avait également évoqué une éventuelle rencontre entre les présidents Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine – ce qui serait une première depuis le début de l’invasion russe -, le négociateur russe indiquant simplement que Moscou avait « pris note de cette demande ».

Cela doit être « la prochaine étape », a martelé de son côté le négociateur ukrainien face aux journalistes.

Vladimir Poutine avait pourtant refusé ces derniers jours de rencontrer son homologue ukrainien en Turquie, malgré l’offre de ce dernier après l’annonce initiale du président russe de ces pourparlers directs.

Côté ukrainien justement, une source diplomatique interrogée par l’AFP, a estimé que les négociateurs russes ont « présenté des demandes inacceptables qui vont au-delà de ce qui a été discuté avant la réunion », dont le retrait des forces de Kiev de « vastes parties du territoire » ukrainien, avant l’instauration du cessez-le-feu réclamé par l’Ukraine et ses alliés.

Face à la presse, Gueorgiï Tykhy a toutefois assuré que l’équipe de Kiev avait su garder « son calme » lors des échanges.

Avant la réunion, Vladimir Medinski avait répété que Moscou voulait discuter des « causes profondes » du conflit et considérait ces pourparlers comme « la suite » de ceux avortés en 2022, aux cours desquels les Russes avaient campé sur ces positions maximalistes, inacceptables pour Kiev et ses alliés.

Les deux délégations sont parties du lieu de rencontre dans des vans noirs, selon un journaliste de l’AFP, et l’équipe ukrainienne quittera Istanbul « aujourd’hui », a précisé une source en son sein.

Sommet Trump-Poutine « nécessaire »

En déplacement en Albanie pour un sommet européen, Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés à « une réaction forte » et des « sanctions » contre Moscou en cas d’échec des discussions.

Le chef de l’État français Emmanuel Macron a jugé « inacceptable » que la Russie n’ait pas répondu favorablement à l’appel de trêve, tandis que le le chancelier Friedrich Merz s’est félicité de son côté de la tenue même des négociations, un « premier signal, tout petit mais positif ».

Les dirigeants ukrainien, français , allemand, britannique et polonais ont ensuite échangé au téléphone avec le président américain Donald Trump, qui avait assuré la veille être prêt à rencontrer M. Poutine « dès qu’il sera possible d’organiser » une rencontre, sans quoi « rien ne se passera » concernant le règlement du conflit.

Un tel sommet est « certainement nécessaire », a acquiescé vendredi le Kremlin.

Le week-end dernier, Vladimir Poutine avait surpris en proposant des négociations directes avec Kiev. Mais, mis au défi par Volodymyr Zelensky de se rendre à Istanbul pour négocier avec lui, le président russe n’a cependant pas fait le déplacement.

Kiev, ses partenaires européens et Washington avaient posé un ultimatum à Vladimir Poutine : accepter un cessez-le-feu préalable à des discussions, ou bien subir des sanctions « massives ».

Une demande rejetée par M. Poutine, au motif qu’une trêve prolongée permettrait à l’armée ukrainienne de se renforcer en recevant des armes occidentales, alors que les soldats russes ont l’avantage sur le front et occupent toujours près de 20% du territoire ukrainien.