L’écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par les autorités algériennes

Prix Goncourt 2024 pour son livre « Houris », interdit en Algérie, l’écrivain Kamel Daoud est visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne, a confirmé, mardi, la diplomatie française. « Les motivations de tels mandats algériens ne pourraient qu’être politiques », estime l’avocate de l’écrivain.

Après Boualem Sansal, Kamel Daoud est à son tour dans le viseur des autorités algériennes. L’écrivain franco-algérien est la cible de deux mandats d’arrêt internationaux émis par les autorités judiciaires algériennes, a confirmé, mardi 6 mai, la diplomatie française.

Le premier mandat aurait été transmis via Interpol Algérie en mars dernier, le second au début du mois de mai. Ces décisions judiciaires relancent les tensions entre l’écrivain et le pouvoir algérien, déjà vives depuis la parution de son dernier roman, « Houris », couronné du prix Goncourt en 2024.

Me Jacqueline Laffont, l’avocate de Kamel Daoud, dénonce une démarche politique de la part d’Alger : « Les motivations de tels mandats algériens ne pourraient qu’être politiques et s’inscrire dans un ensemble de procédures menées pour réduire au silence un écrivain dont le dernier roman évoque les massacres de la décennie noire en Algérie ».

L’avocate a également annoncé le dépôt immédiat d’une requête auprès de la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol, afin de bloquer la diffusion de ces mandats jugés « manifestement abusifs ».

Vague de plaintes

Publié en 2024, « Houris » raconte l’histoire d’une survivante de la guerre civile algérienne des années 1990. Le livre, salué en France pour sa force littéraire et sa portée historique, est toutefois interdit en Algérie depuis plusieurs mois. L’auteur fait face à une vague de plaintes depuis sa parution, toutes liées à son contenu.

L’une d’elles, déposée auprès du tribunal d’Oran, invoque la « violation de la loi sur la réconciliation nationale ». Cette loi controversée, adoptée en 2005 sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, interdit toute évocation publique susceptible de « porter atteinte aux institutions de la République » ou de « ternir l’image de l’Algérie ».

Parallèlement, une autre plainte a été déposée en novembre 2024 par une femme affirmant que Kamel Daoud se serait inspiré de son histoire personnelle pour écrire « Houris », sans son consentement et en violation du secret médical. L’écrivain conteste fermement ces accusations, affirmant que son livre est une œuvre de fiction, nourrie de son expérience journalistique au Quotidien d’Oran dans les années 1990.

Une première audience dans ce volet de l’affaire est prévue ce mercredi 7 mai au tribunal de Paris.