À Mezzouna, Kaïs Saïed a déclaré : « Moi aussi, je souffre ». Mais quelle souffrance ? Celle de circonstance ? Celle d’un homme enfermé dans son pouvoir solitaire ? Celle de l’autoflagellation politique ? Pendant ce temps, c’est tout un peuple qui endure, chaque jour, une souffrance bien réelle, profonde, et de plus en plus insupportable.
Ce peuple, il a rêvé. Un instant, il a cru à un espoir, à un renouveau. Il a misé sur un homme qui promettait la justice, l’intégrité, la rupture avec les anciennes pratiques. Ce rêve s’est transformé en cauchemar. Isolement international, inflation galopante, libertés réduites, institutions vidées, discours creux, et répression des voix libres.
La souffrance du peuple, elle ne se dit pas. Elle se vit : dans les files d’attente pour le lait ou l’essence, dans l’humiliation de la misère, dans l’exil forcé, dans la peur de parler, dans l’incertitude de demain. Cette souffrance-là ne se partage pas avec des mots. Elle exige des actes, des réformes réelles, un retour à la démocratie, et un État au service de ses citoyens – pas au service d’un homme.
Un président n’est pas élu pour compatir, mais pour agir. Gouverner, c’est écouter, déléguer, construire, garantir les droits et tracer une voie claire. Aujourd’hui, la seule voie possible, c’est celle du retour à la légitimité, à la liberté, à un contrat social juste, équilibré, et transparent.
La Tunisie ne peut plus se contenter de symboles. Elle a besoin d’un vrai sursaut. Et ce sursaut ne viendra ni des larmes ni des slogans. Il viendra du peuple. Toujours.
Rafik Chaabouni
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