Un score soviétique pour Tonton Tebboune

C’est un score qui a des allures de plébiscite ou qui fleure bon l’Union soviétique. Toujours est-il qu’il s’agit d’une victoire en demi-teinte.

Le président algérien sortant, Abdelmadjid Tebboune, a bien été réélu puisqu’il a recueilli 94,65 % des suffrages exprimés lors de l’élection présidentielle qui s’est tenue ce samedi, selon les résultats officiels.

Il était opposé à deux autres candidats, Abdelaali Hassani, chef du principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), et Youcef Aouchiche, à la tête du Front des forces socialistes (FFS). Mais sa légitimité démocratique paraît déjà très entamée.

Très faible participation

En effet, « sur un total de 5,63 millions de votes enregistrés, 5,32 millions ont voté » pour Tebboune, a déclaré le président de l’autorité électorale, alors que le corps électoral algérien compte 24,5 millions de citoyens.

Le taux de participation à cette élection est donc particulièrement faible tandis que l’ouverture des bureaux de vote a été prolongée de trois heures à certains endroits. A peine 20 % des Algériens se seraient donc déplacés pour voter. Ce week-end, l’autorité électorale indiquait pourtant que le taux de participation atteignait 48 %.

D’ailleurs, la direction de campagne du candidat islamiste proche des Frères musulmans a dénoncé dimanche dans un communiqué des « violations » dans le déroulé du scrutin avec des « pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les résultats », notamment le taux de participation.

Le communiqué du MSP a qualifié de « terme bizarre » le « taux moyen de participation » annoncé par l’Anie, l’autorité électorale, faisant la moyenne des relevés des différentes régions.

Un certain fatalisme chez les Algériens

Le peuple algérien n’a donc pas suivi les recommandations des candidats. Samedi, Abdelaali Hassani avait souhaité une « participation élevée » qui « donne une plus grande crédibilité » aux élections, tandis que Youcef Aouchiche, dont le parti boycottait toutes les élections depuis 1999, exhortait aussi « les Algériens à participer en force » pour sortir « définitivement du boycott et du désespoir ».

Les Algériens ne semblent pas croire que ce type de scrutin, où tout paraît joué d’avance, puisse changer grand-chose à leur vie. Abdelmadjid Tebboune bénéficiait de l’appui de quatre formations majeures dont le Front de libération nationale (FLN), l’ex-parti unique, au pouvoir entre 1962 et 2020, et sa victoire faisait donc peu de doute .

Et maintenant ? Aidé par la manne du gaz naturel dont l’Algérie est le premier exportateur africain, le président Tebboune a promis de faire de l’Algérie « la deuxième économie en Afrique ».

Dans une société minée par la corruption, c’est peu probable en cinq ans. Il est probable en revanche qu’il survive politiquement à son déficit d’adhésion populaire mais il lui faudra du tact et une gouvernance rénovée pour moderniser le pays.

Source : Les Echos