La chasse aux sorcières….

Est-ce qu’il y a en Tunisie des voleurs , des corrompus, des faussaires, des ripoux , des profiteurs , des spéculateurs, des saboteurs, des fainéants , des menteurs , des incompétents et toutes sortes de bras cassés ??

Oui , et mille fois Oui .

Nous en avons à la pelle au point que la corruption a gangrené toutes les couches sociales. Des pans entiers de la société vivent en totale infraction des lois et aussi dans une totale impunité.

Même l’instance mise en place pour lutter contre la corruption s’est révélée elle aussi corrompue. Du simple gardien de Parking jusqu’au Ministre, tout ce beau monde ( يعكعك)- manigance -Pour reprendre ce verbe devenu à la mode ces derniers jours.

La corruption ( الفساد) a atteint chez-nous des proportions vertigineuses, cela n’étonne donc personne quand l’état se retrouve à genoux .

Éradiquer ce fléau est vital , je dirais même que c’est un devoir historique de la plus grande urgence. Le combat que mènent les pouvoirs publics contre « les gros bonnets » est légitime, il est d’autant plus justifiable lorsqu’on constate que les corrompus ont hypothéqué le droit des jeunes générations à une vie digne , et que bon nombre de nos jeunes se jettent dans la gueule du loup dans l’espoir de trouver ce dont ils ont été privés dans leur patrie.

Mais ( puisqu’il y’a toujours un « mais » ) il faut que cela se fasse dans le strict respect de la loi et des princes universels des droits de l’homme . Le strict respect aussi des règles d’un procès équitable et avant tout , dans le strict respect de la présomption d’innocence.

Le combat légitime des Tunisiens contre la métastase ne devrait pas prendre les allures d’une chasse aux sorcières.

Quand j’entends un certain Nejib Dziri répéter à la radio, dans un mélange de crédulité et d’ignorance, que les accusations seraient annoncées après les instructions, cela me fait sortir de mes gonds. C’est tout simplement contraire à la présomption universelle d’innocence. C’est un couloir qui mène à l’arbitraire et à l’injustice. Se fier aussi à de simples « rapports de police » rédigés à la hâte et à vocation seulement indicatrice, me semble injuste.

Partout dans le monde , dès qu’il y’a des soupçons, les autorités font des investigations, réunissent les preuves à charge et donnent enfin les chefs d’inculpation ainsi que les articles de droit qui les régissent.

Agir de façon contraire à ce qui est communément et mondialement reconnu, c’est tout simplement verser dans l’injustice et l’iniquité.

Remarquons au passage que l’état d’exception instaurée par le Décret 117 du 22 Septembre 2021 n’a d’effet suspensif que dans le domaine législatif ( l’activité du parlement antérieur au 25 juillet 2021 ) . L’état d’exception ne justifie pas l’arbitraire.

Tout ce qui a trait aux droits individuels et aux libertés fondamentales demeure donc en vigueur.

L’omniprésence de l’état , sa puissance et sa justice se révèlent dans sa capacité à sauvegarder les droits des uns et l’honneur de tous .

Ben Ahmed Sobhi