Souffrance et dignité nationale

Les détenteurs des pouvoirs exécutif et législatif ne semblent pas affectés outre mesure par le défilé silencieux des centaines de vies qui s’en vont tous les jours, emportées par l’épidémie. Je ne trouve rien d’étonnant à cela, venant de repris de justice ou menacés de le devenir et d’individus propulsés tout droit aux avant-postes d’une scène politique en carton-pâte, trop occupés à razzier un pays pris à revers dans le rets de la perfidie, où tout est devenu faux et où la souffrance a fini par s’imposer en mode de vie.

La Souffrance, ai-je dit ? Oui, c’est je crois, plus que notre lot commun, notre bien commun, le plus précieux, celui qui nous gardera unis, génération après génération, par le souvenir des peines partagées, des erreurs à éviter. Gardons-nous de laisser quiconque de ceux que j’ai montrés du doigt s’y investir, non point par repentir, ce serait trop facile en larmes de crocodiles ou en quelques milliers de dinars ponctionnés dans nos poches, mais pour que, dans la souffrance, notre dignité nationale reste intacte.

Abdessalem Larif