Je m’apprêtais ce matin à effectuer une opération dans un DAB quand un homme d’un certain âge m’aborda:– Bonjour monsieur, pourriez -vous m’aider à effectuer un retrait d’argent. Je ne sais pas comment le faire.
– Aucun problème répondis-je !
Sans un instant d’hésitation, il me tendit un minuscule papier plié où étaient écrits avec un stylo hésitant, les quatre chiffres de son code confidentiel.
Tout en étant un peu surpris de sa confiance, j’entamai l’opération:
Son solde en banque qui s’élevait à 530 dinars correspond à ce qu’il m’a dit, à la totalité de sa pension de retraité du mois de juin qu’on venait juste de lui verser .
A ma question sur le montant qu’il souhaite retirer, il me répondit: 520 dinars !
– Ok, lui dis-je, tout en ajoutant à la fois étonné et indiscret:
– Mais monsieur, vous retirez toute votre pension d’un seul coup, alors que le mois de juin n’est même pas terminé et qu’il vous reste les dépenses de tout le mois de juillet !
– En fait me dit-il, ce montant me suffira à peine à m’acquitter de mon loyer , de mes crédits auprès de l’épicier du quartier et du prix des médicaments dont ma femme durablement malade, a besoin pour se soulager.
– Et comment allez-vous trouver de quoi vivre – ou plutôt survivre – au cours du mois qui vient ?
– je n’en sais rien; Dieu est seul à le savoir.
– Rabbi mãak lui dis-je sans plus d’autres questions, en lui remettant sa pension, sa carte bancaire, le bout de papier de son code confidentiel, et en lui conseillant de bien les conserver . Qui sait !
Il me remercia avant de me tourner le dos pour continuer silencieusement son chemin….
Boubaker Ben Fraj