Israël et le Hamas s’accordent sur un cessez-le-feu

Au terme d’intenses tractations diplomatiques, appuyées par une médiation égyptienne, le gouvernement israélien et le mouvement palestinien du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, ont annoncé un cessez-le-feu.

«Le cabinet [de sécurité] a accepté , ce jeudi soir , à l’unanimité la recommandation de l’ensemble des responsables sécuritaires […] d’accepter l’initiative égyptienne de cessez-le-feu bilatéral sans conditions», ont indiqué ce 20 mai dans un communiqué les autorités d’occupation israéliennes.

Dans la bande de Gaza, le Hamas mais aussi le Jihad Islamique, second groupe islamiste armé de l’enclave, ont confirmé l’entrée en vigueur de cette trêve dès 2h00 locales le 21 mai.

«Deux délégations égyptiennes seront envoyées à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour surveiller la mise en œuvre [du cessez-le-feu] et le processus pour maintenir des conditions stables de manière permanente», ont par ailleurs indiqué à l’AFP des sources diplomatiques égyptiennes, soulignant que cette trêve «simultanée et mutuelle» avait été «négociée par l’Egypte».

Plus tôt dans la journée devant l’Assemblée générale de l’ONU, son secrétaire général Antonio Guterres avait qualifié la poursuite des tirs israéliens et palestiniens d’«inacceptable», estimant que «les affrontements devaient cesser immédiatement».

Depuis le 10 mai, au moins 230 Palestiniens – dont 60 enfants – ont perdu la vie dans la bande de Gaza dans des bombardements israéliens, et 12 Israéliens, dont un enfant de six ans, sont décédés après des milliers de tirs de roquette émanant de l’enclave palestinienne.

Nouvelle journée d’affrontements

Cet espoir de cessez-le-feu survient après une nouvelle journée d’affrontements. Après quelques heures de répit dans la bande de Gaza, les frappes se sont intensifiées ce jeudi après-midi, faisant monter des nuages de fumée et de débris dans le ciel. Cinq personnes ont été tuées, portant à 232, dont 65 enfants, le nombre de Palestiniens décédés depuis le début du conflit il y a dix jours. Selon des sources dans l’enclave palestinienne, les bombardements se poursuivaient ce jeudi soir, au moment même où le cabinet de sécurité israélien se réunissait.

De leur côté, le Hamas et le Jihad islamique ont tiré un nouveau barrage de roquettes vers le sud d’Israël, poussant des habitants à se réfugier dans des abris antibombes. Selon l’armée israélienne, environ 300 roquettes ont encore été tirées ce jeudi depuis Gaza, interceptées à 90% par le bouclier antimissiles. En onze jours de conflit, plus de 4 340 roquettes et missiles ont visé le territoire israélien, selon Tsahal, faisant douze morts dont au moins un enfant.

La poursuite des violences alimentait ce jeudi soir les craintes qu’un incident majeur, d’un côté comme de l’autre, puisse faire dérailler les efforts pour de cessez-le-feu.

«Un enfer sur terre»

Faute d’avancée au sein du Conseil de sécurité, l’instance étant paralysée par les Etats-Unis qui ont refusé à plusieurs reprises l’adoption d’une déclaration commune, le sujet s’est déplacé ce jeudi au sein de l’Assemblée générale des Nations unies. La poursuite des violences est «inacceptable», a déclaré le secrétaire général de l’organisation, António Guterres, qui s’est dit «profondément choqué» par les «bombardements aériens et d’artillerie continus» sur Gaza. «S’il y a un enfer sur terre, c’est la vie des enfants à Gaza», a ajouté l’ancien Premier ministre portugais, qui a jugé «inacceptable» la «poursuite des tirs aveugles de roquettes par le Hamas et d’autres groupes».

Au cours de cette réunion à l’ONU, Israéliens et Palestiniens se sont mutuellement accusés de «génocide». «Le monde entier reste silencieux et ferme les yeux sur le génocide de familles palestiniennes entières», s’est indigné le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, dont l’intervention a provoqué le départ de la salle de l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Gilad Erdan. Revenu quelques minutes plus tard pour s’exprimer à son tour, le représentant de l’Etat hébreu a estimé que le Hamas, «comme les nazis, [était] engagé dans le génocide du peuple juif».

La menace d’expulsion de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est au profit de colons juifs s’est traduite par un pic de tensions il y a quelques semaines, avant de virer à l’affrontement entre Palestiniens et Israéliens sur l’esplanade des Mosquées, puis en reprise du conflit Hamas-Israël. Des violences ont également éclaté dans des villes israéliennes mixtes arabes et juives telles que Lod.

Avec agences