Dès que Moncef Marzouki a commencé à « fuiter » des passages de son mesquin « Livre noir », j’ai écrit sur La Presse, un article que j’ai titré de la sorte, pour marquer, à la fois, la dérision, le dédain, et la révolte que cette ignominie provoquait en moi. Une ignominie qui couronnait une série d’inepties et de graves erreurs passées qu’il avait déjà commises et que je n’ai pas manqué de lui rappeler.
En choisissant ce titre, j’ai voulu m’adresser à lui, comme si je parlais à un gosse, à un peu nanti intellectuel, à un être diminué…tout en gardant le respect pour l’institution qu’il représentait. Crédule, je croyais qu’aucun autre président de la République ne pouvait fauter autant et avec cette ampleur-là… Les « Safiret », les affaires du chargé d’affaires syrien, de son interventionnisme dans les conflits internes de pays frères, en faveur des coupeurs de têtes, de Mahmoudi…sans parler du ridicule dont il s’est couvert à la cérémonie d’ouverture d’une Coupe du monde etc, étaient un comble qu’aucun responsable ne pouvait, pensais-je, atteindre. Quel crédule et quel naïf (haïssant l’auto-flagellation et la flagellation tout court, je ne dirai pas plus) j’étais…
C’était, effectivement, sans compter avec un Saïed qui vient de franchir l’infranchissable, de souiller la mémoire collective de tout un peuple, de commettre le sacrilège de fouler du pied le fondement même de la République dont on l’a fait président…
Cela dépasse l’entendement que vous ayez de la sorte ignoré l’anniversaire de la date la plus importante de l’histoire de la Tunisie, la date où elle a accédé à l’indépendance, pour devenir dans la foulée, une République qui, entre autres, vous a ouvert les portes de l’instruction, jusqu’à l’Université où vous avez étudié et dispensé des cours et c’est de votre faute et par vos limites, si vous avez stagné au seuil d’assistant. Ingratitude, certes; mais le plus grave et l’inacceptable c’est ce déni que vous avez jeté à la face de tous les Tunisiens, ce crachat que vous avez sorti d’entre vos dents pourries de nicotine, dont vous avez couvert la mémoire des vrais martyrs et le drapeau pour lequel ils ont offert leur vie.
Ou se peut-il que dans votre mégalomanie, vous ayez pensé à réécrire l’histoire de la Tunisie, de sorte qu’elle commence, désormais, avec l' »accident » de votre laissez-passer pour le palais de Carthage? Là, votre « zaqafouna » serait de la rigolade…
Plus sérieux, la honte que vous avez imposée à votre pays et à vous même (ne rejette son passé que…) sera longtemps le principal sujet des discussions dans les chancelleries et aura des répercussions sur l’économie et sur les investissements. Elle nous aura, aussi, édifié sur votre absence de patriotisme, sur votre alignement sur les islamistes qui ne reconnaissent ni l’indépendance ni la République -dont eux et vous profitez, pourtant-, sur votre parjure, puisque, la main sur le Coran, vous avez juré de défendre le pays, ses institutions et ses intérêts dont l’essence se trouve être son indépendance et la République.
Décidément, vous n’auriez pas dû, Monsieur le président, parce que pour les nombreux vrais Tunisiens parmi ceux qui vous ont élu, vous avez cessé d’être président, un certain 20 mars 2021. Une deuxième petite « indépendance » pour eux, de votre personne et de leurs chimères qu’il vous ont accolées.
Slah Grichi