Résister au temps de la grande « faucheuse » …

Ah ! Qu’il est loin le temps où nous-nous escrimions à planifier notre avenir . Notre souci premier n’a jamais été seulement de vivre mais d’atteindre de nouveaux horizons que nous croyions possibles. Nous embrassions la vie et nous sentions notre joie acquise et notre bonheur garanti.
Aujourd’hui , même le rêve est devenu un luxe hors d’atteinte. L’essentiel de notre énergie , nous le consacrons maintenant à éviter les multiples pièges du quotidien . Dans chaque détour, dans chaque coin une trape peut s’ouvrir et nous engloutir à jamais.
Rester en vie est devenu de nos jours un exploit . Si ce n’est pas le virus qui va nous tuer , la crise et son stress risqueront de nous terrasser .
Azraël est partout ! Il se tient en embuscade derrière les murs , sur les terrasses ou encore au bout de chaque route et à la fin de chaque couloir .
Azraël est à l’affût de la moindre erreur d’appréciation, de la moindre inattention , d’une inadvertance. Toujours en embuscade et toujours prêt à frapper , ses victimes comptent désormais par centaine chaque jour .
Il faut avoir des nerfs d’acier pour résister à la peur légitime d’aller un jour grossir le rang des maccabés , et aussi la peur non moins légitime de perdre un être cher ou un parent .
Comment résister au temps de la grande  » faucheuse  » , au temps du Covid ??
Si nous partons du principe que la mort n’a jamais été un choix , et que même si elle est inéluctable, la repousser est notre devoir premier . Il n’y a , en fait , que la joie , le bonheur et l’amour qui méritent toutes nos peines et l’ensemble de nos déconvenues .
La résignation est un aveu d’impuissance ; elle est l’émargement d’un échec , une faillite déclarée.
Puisque nous sommes condamnés à vivre , seul donc le combat est l’alternative. Seule la lutte acharnée contre nos propres défaillances , contre l’ignorance des uns et la lâcheté des autres , contre les dérives égoïstes et la tyrannie des égos surdimensionnés , c’est cela qui donne un sens à notre sacrifice . Ainsi nous pourrons atteindre les lendemains qui chantent , et si nous devions périr à mi-chemin, nous serions dans l’olympe des éternels.
Notre immense homme de lettres feu Mahmoud Messadi l’a si bien exprimé : « Notre existence est un effort et une sculpture de soi » . ( Al-Soud – Le barrage ).

Ben Ahmed Sobhi