Téhéran a annoncé mardi avoir repris l’enrichissement de l’uranium bien au-delà de la limite imposée par l’accord de Vienne en 2015.
L’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OEAI) a annoncé mardi que le pays avait commencé à produire de l’uranium enrichi à 20% et qu’il était capable d’aller au delà.
« Le processus de production d’uranium enrichi à 20% prenait jusqu’ici plus de 24 heures, mais cette fois, avec de nouvelles technologies, ce délai a été ramené à 12 heures », a précisé son porte-parole, Behrouz Kamalvandi, cité par l’agence officielle IRNA.
Cet enrichissement à 20% « est en cours dans deux cascades » de centrifugeuses du complexe de Fordo, a-t-il ajouté. Selon lui, il a été lancé lundi dans le cadre du Plan d’action stratégique pour contrer les sanctions, lequel a été adopté en décembre dernier par le Parlement.
M. Kamalvandi a expliqué que cette mesure avait été prise pour protéger les intérêts du peuple iranien. « Nous avons la capacité d’aller facilement au delà des 20% et nous y réfléchissons », a-t-il dit.
La reprise d’un niveau d’enrichissement antérieur
En atteignant le pourcentage d’enrichissement du minerai pratiqué il y a six ans, avant l’accord de Vienne, l’Iran porte fortement préjudice au plan d’action conjoint (JCPoA, Joint Comprehensive Plan of Action), arraché de haute lutte en juillet 2015 après douze années de tractations diplomatiques afin de garantir le caractère pacifique (c’est-à-dire civil) du programme nucléaire iranien.
Cependant, l’objectif principal du groupe appelé « P5 + 1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) était d’abord de mettre en place de sévères restrictions pour garantir que le « breakout time », le temps minimal pour produire la quantité d’uranium enrichi nécessaire à la fabrication d’une arme atomique, soit d’au moins un an, et ce, pendant une durée de dix ans. Avant la signature, il était estimé à quelques semaines.
L’accord avait déjà été fortement fragilisé par la défection unilatérale des Etats-Unis, qui, en mai 2018, avaient préféré réinstaurer des sanctions économiques. Par ses activités d’enrichissement d’uranium, à deux semaines de la fin du mandat du président américain Donald Trump, l’Iran tente d’imposer une pression sur la future administration de Joe Biden, en vue d’un retour des Etats-Unis dans l’accord.