Je n’en ai pas fait le compte, mais, dans sa dizaine de discours et autres adresses verbales de circonstances, il a été invariablement question de ceux qui ourdissent contre la Tunisie complots sur complots, ceux qui pillent ses richesses, qui violent la loi, en ajoutant toujours qu’il les connaît un à un et qu’il suit leurs agissements dans le détail des détails. On conviendra que cela fait trop de monde contre qui rien n’a été entrepris et cela depuis maintenant trop longtemps. Le plus drôle dans l’affaire, si je puis ainsi m‘exprimer, alors que, rappelle t-il, à plus forte raison de ne l’avoir pas supportée quand elle se produit dans la rue, et je pense ici au dernier assassinat d’un agent de la Garde Nationale, c’est qu’ il ne pouvait laisser sans suites la violence perpétrée dans l’enceinte de la maudite assemblée. La colère exprimée oralement en arabe d’écriture ne peut être que feinte et les malpropres savent qu’ils n’ont à craindre de foudres que celles du verbe. J’en arrive à ce qu’il dit de vrai : Qu’il les connait, cela ne fait aucun doute puisqu’il lui est arrivé de les recevoir au palais présidentiel. Qu’il est d’accord avec eux sur l’essentiel de leurs projets non plus puisqu’il le reconnaît en sous-entendu de la nature uniquement physique de la violence dont il a pris hier prétexte à sa sortie d’un silence qu’il aurait mieux fait de garder et que la question reste posée de savoir pourquoi l’entaille au front infligée à un député par un autre, agression individuelle coupable et judiciairement punissable, insusceptible de mettre en péril les acquis fondamentaux de la République, avait suffi à lui donner l’air de sortir de ses gonds. En revanche, s’agissant du statut de la femme, de sa dignité, du respect qui lui est dû, bafoués, insultés, piétinés dans les mêmes lieux, menacés d’abolition, sans rien laisser à la Tunisie de ce qui lui reste de distinctif et de plus important à préserver par celui qui ne manque jamais de rappeler dans ses discours qu’il en est le président, aucune réaction, pas un mot. Je ne le répéterai jamais assez, la Patrie est en danger.
Abdessalem Larif