Un préservatif sur cinq vendu dans le monde est fabriqué en Malaisie, dans trois usines qui appartiennent à l’un des leaders mondiaux, Karex. Cette société familiale est propriétaire de nombreuses plantations d’hévéas, l’arbre à caoutchouc qui permet de fabriquer les préservatifs. Et à cause des mesures de confinement mises en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19, elle a du mettre à l’arrêt ses chaînes de fabrication.
Confinement oblige, le premier fabricant au monde de préservatifs, basé en Malaisie, a été contraint de fermer ses usines de productions durant une semaine. Une autorisation de reprise avec 50% des effectifs a cependant été accordée.
Une pénurie mondiale de préservatifs se profile. C’est ce que craint le plus grand producteur au monde de l’étui en latex, permettant contraception et protection contre les maladies sexuellement transmissibles. Forcée d’arrêter sa production à cause du confinement de ses employés, l’entreprise Karex Berhad de Malaisie, leader mondial de ce secteur, fabrique habituellement un préservatif sur cinq dans le monde. Mais avec la mise en place du confinement pour lutter contre le coronavirus, pas un seul préservatif n’a été produit pendant plus d’une semaine dans les trois usines malaisiennes de ce fabriquant.
C’est déjà un manque de 100 millions de préservatifs, normalement commercialisés à l’échelle internationale par des marques telles que Durex, fournis aux systèmes de santé publics tels que le NHS britannique ou distribués par des programmes d’aide tels que le Fonds des Nations Unies pour la population.
« Nos boutiques en ligne Durex restent ouvertes »
Devant cette faillite annoncée, le 28 mars, l’entreprise a été autorisée à reprendre sa production, mais avec seulement 50% de ses effectifs, en vertu d’une dérogation spéciale pour les industries essentielles. «Il faudra du temps pour relancer les usines et nous aurons du mal à répondre à la demande à moitié de sa capacité», a déclaré à l’agence Reuters le PDG de l’entreprise Goh Miah Kiat. «Nous allons voir une pénurie mondiale de préservatifs partout, ce qui va être effrayant», a-t-il prévenu. «Ma préoccupation est que pour beaucoup de programmes humanitaires au fin fond de l’Afrique, la pénurie ne sera pas seulement de deux semaines ou d’un mois. Cette pénurie peut s’étendre sur des mois», a-t-il alerté.
Dans des commentaires envoyés par courrier électronique et rapportés par Reuters, un porte-parole de la marque Durex a pour sa part déclaré que les opérations se poursuivaient normalement et que la société ne connaissait aucune pénurie d’approvisionnement. «Pour nos consommateurs, dont beaucoup ne pourront pas accéder aux magasins, nos boutiques en ligne Durex restent ouvertes», a-t-il précisé.
L’ensemble de la production mondiale affectée
Les préservatifs sont essentiellement fabriqués en Malaisie mais aussi en Chine, en Inde , en Iran et en Thaïlande, des pays qui sont, eux aussi, partiellement ou totalement confinés. Toute la production mondiale pourrait donc être affectée. Or, il faut savoir que, chaque année, plus de 27 milliards de préservatifs sont vendus dans le monde, pour un marché de presque cinq milliards d’euros. Des milliards de préservatifs sont notamment achetés par des programmes des Nations Unies ou par des ONG qui les distribuent gratuitement, en particulier dans des zones où le sida et d’autre maladies sexuellement transmissibles sont mortelles. C’est donc une pénurie qui pourrait avoir de graves conséquences sanitaires, à plus ou moins long terme.
La Malaisie est le pays le plus touché de l’Asie du Sud-Est par le coronavirus, avec 2 161 infections à coronavirus et 26 décès. Le confinement devrait rester en vigueur au moins jusqu’au 14 avril. Les autres principaux pays producteurs de préservatifs sont la Chine, où est apparu le coronavirus, entraînant également des fermetures d’usines, l’Inde et la Thaïlande.
Avec agences